Franck La Pinta réunissait, juste avant la nouvelle année 2014, 12 experts des RH, pour montrer les 12 notions clés de l’année. Nous rencontrons aujourd’hui Vincent Berthelot qui nous parle de la notion de « command & control collaboratif ».

Notre dossier mensuel s’enrichit ! Grâce à nos experts, six sujets RH ont déjà été mis en avant : tandis que Gilles Gobron nous dévoile tout sur l’algorithme, Arnaud Gien-Pawlicki analyse la transformation digitale, Alexandre Pachulski nous présente l’expérience utilisateur, Pierre Denier pense avant tout aux talents, Vincent Rostaing nous explique la révolution agile et Flavien Chantrel nous parle de l’efficacité.

Bonjour Vincent. Tu avais choisi de traiter le thème du « command and control collaboratif » dans l’article réunissant des experts RH lancé par Franck La Pinta. Peux-tu expliquer à nos internautes brièvement ton parcours professionnel, et pourquoi tu as choisi de parler de ce sujet comme un enjeu RH pour 2014 ?

J’ai tenté la fac de droit mais j’ai abandonné pour un emploi intéressant et repris des années plus tard mes études. J’ai eu alors un vrai plaisir à fréquenter les bancs de l’INALCO en section Asie du Sud-Est jusqu’à un DREA de communication interculturelle et de langue thaï.
En parallèle, j’ai mené des études RH et obtenu un DESS ce qui m’a permis de trouver un emploi de responsable d’un pôle RH dans un grand groupe de transport. J’ai pu ainsi assumer au fur et à mesure des responsabilités dans la formation, les relations sociales, la communication RH digitale.
Je n’ai cessé depuis de partager mes connaissances, idées et convictions avec mes pairs au travers de l’écriture ou d’interventions qui m’ont amenées à de belles rencontres en France comme à l’étranger.
Mon objectif est de réussir à conseiller sur l’utilisation possible du digital pour plus de performance économique et sociale. J’ai choisi de traiter ce paradoxe, parfois injonction paradoxale, qui nous amène à vouloir conduire une voiture avec un pied sur l’accélérateur et un autre sur le frein.

Comment définirais-tu la notion de « command & control collaboratif » à notre binôme de choc : notre nièce de 8 ans et notre prof d’économie de l’université ?

Je demande à la première si elle préfère me fabriquer dix de ces merveilleux bracelets à base d’élastique comme elle veut ou si elle préfère que je lui dise « comme tu veux » et que je lui donne un livret de 27 pages d’explications et de croquis ainsi qu’un tableau pour noter l’avancée de ses bracelets. Au second, je demande quel est le retour sur satisfaction des deux approches et si le ROI est élastique !

Dans ton intervention au sein des 12 salopards, tu évoques le management français comme étant « une partition tout en délicatesse pour élaborer des usines à gaz », comment expliquerais-tu cela ?

Nous sommes rappelons-nous issus d’une société de l’ordre et de la hiérarchie malgré notre révolution et les différents mouvements ouvriers. Fayol nous a marqué à vie et nous sommes avec ce mode de pensée comme Tintin avec son sparadrap : il nous est impossible de nous en défaire et plus nous faisons des efforts, moins cela marche !
Imaginez en ce moment le nombre de salariés qui ont un manager hyper motivé et engagé qui leur explique que tous ensemble on est meilleur, qu’il est au service de l’équipe mais qui ensuite prend rendez-vous avec chacun d’entre-eux pour un entretien d’appréciation basé sur des évaluations uniquement individuelles.
Ce premier niveau est suivi de strates tout aussi impressionnantes de non alignement entre discours/pensées/actes. On se veut réactif et agile voire innovant mais on crée des « process » et des « reporting » dans tous les sens. On parle du collectif, du social mais le corps social n’a jamais été aussi éclaté ni le dialogue social aussi pauvre…

Selon toi, quelles pourraient être les solutions à apporter à ce constat ? De quelle manière le « command & control collaboratif » pourrait-il contribuer à une amélioration ?

Le « command & control collaboratif » est une blague, c’est une pièce complémentaire à l’usine à gaz pour essayer de la faire exploser et pouvoir reconstruire sur du plus simple.

Le « command & control » est tout simplement mort et le collaboratif fonctionne encore mal, mais tout le monde fait comme si tout allait bien. Il suffit de prendre les clichés d’une catégorie sociale d’il y a quelques années et ceux d’aujourd’hui.

Si vous n’êtes pas bon ou intéressant, les étudiants vous zappent ouvertement avec leur tablette, PC ou smartphone. On pourra trouver cela irrespectueux ou au contraire salutaire, mais alors qu’ils arrivent en entreprise sans capacité managériale à leur donner envie de travailler, nous risquons des crises de nerfs.

Il est temps d’entreprendre un choc de simplification, de rendre les choses plus faciles en entreprise, moins lourdes. Il est temps de donner envie de collaborer, améliorer, innover collectivement car on y prend plaisir et on y gagne de la reconnaissance, des opportunités de développement de compétences, de carrière.

Je suis étonné du nombre de personnes qui aiment leur travail malgré tout et n’aspirent qu’à bien faire celui-ci. Le paradoxe du management actuel c’est qu’il se sent trop indispensable, incontournable en lui-même alors qu’il devrait l’être en tant qu’entraineur et non meilleur joueur.

Nous sommes à un véritable tournant avec l’arrivée d’une part des technologies toujours puissantes, le « big data » et une vision productiviste, et d’autre part une recherche bien plus importante qu’auparavant de sens et de satisfaction dans le travail.

Soit nous allons basculer vers une approche d’ingénieur avec une confiance aveugle dans les capacités de la machine à remplacer l’humain mais plus uniquement sur les chaines d’assemblage mais aussi dans les métiers de la connaissance, du savoir pour générer profits et économie. Cela nous amènera au passage vers l’externalisation maximale des emplois vers le cloud et la disparation à terme des RH.

Soit nous allons miser sur une mutation progressive des organisations, mode de management, temps de travail, responsabilité sociale et réconciliation entre l’entreprise et les citoyens que bien entendu je souhaite de tous mes petits neurones.

Et vous, que pensez-vous du « command & control collaboratif » ? Avez-vous des questions à poser à Vincent Berthelot ? 

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