Elodie est l’heureuse créatrice du blog mVmHmE alias « Ma vie, mon handicap, mes emmerdes », un blog qui fait le buzz sur la toile. Elle se confie à Talentéo dans une interview sur sa vie, son handicap, et… son métier. En effet, Elodie est architecte.

« La différence fait encore peur à pas mal de monde, elle dérange même parfois. Mais selon moi, cette différence peut réellement devenir une force ! »

Elodie, nous vous connaissons sous le pseudonyme mVmHmE sur la toile. Qui êtes-vous dans la vraie vie ?

Je suis une jeune femme de trente ans, atteinte d’une maladie neuromusculaire depuis l’âge de 11 ans. Peu à peu, le fauteuil roulant est entré dans ma vie. Aujourd’hui, il ne me quitte plus et me permet d’explorer le monde autant que je veux. La maladie a forcément changé ma vie. Mais elle a surtout changé ma façon de l’aborder. Je crois qu’elle m’a appris à attraper les instants de bonheur au vol, là où ils sont. Sinon, dans la vie, j’exerce la profession d’architecte depuis sept ans et ai vraiment à cœur de contribuer à rendre la ville et la vie plus accessible à chacun. C’est un doux rêve.

Chez Talentéo, nous avons l’habitude de rompre avec les stéréotypes, en montrant qu’handicap et talents professionnels sont compatibles. Quels sont vos talents professionnels ?

Je suis architecte depuis sept ans maintenant et suis diplômée de l’École Nationale et Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille. Selon moi, la chance que j’ai, sans doute, est de pouvoir profiter de mon expérience de personne en situation de handicap pour mieux exercer ma profession d’architecte. D’être plus sensible aux besoins liés aux handicaps, en allant bien au-delà de l’aspect réglementaire mais bien en faisant preuve de bon sens et de pratique.

Vous avez créé un blog pour témoigner de votre vie en tant que personne en situation de handicap. Vous dites qu’il faut dédramatiser la maladie et le handicap. Quel message voulez-vous transmettre ?

Depuis deux ans maintenant, j’ai ressenti le besoin de m’exprimer sur ma vie en tant que personne en situation de handicap. Il me semblait important de réussir à exprimer ce qu’est de vivre avec une maladie au quotidien, car ces situations sont bien souvent difficiles à percevoir pour les personnes extérieures. Relater ce quotidien, tel qu’il est, avec ses bons et ses mauvais côtés, ses joies et ses peines est pour moi un moyen effectivement de dédramatiser la maladie et le handicap. Le message que je tente de faire passer est qu’il est bien trop réducteur de s’arrêter au handicap et surtout de réduire une personne à cette seule situation physique. Les qualités d’une personne vont bien au-delà de ça, et heureusement. La différence fait encore peur à pas mal de monde, elle dérange même parfois. Mais selon moi, cette différence peut réellement devenir une force ! C’est pour ça qu’en parler, mettre des mots dessus, illustrer un quotidien peut probablement aider certaines personnes à moins rejeter et mieux comprendre les personnes ‘différentes’…

Sur votre blog, vous parlez de tout : votre vie, vos amours, vos surprises, vos déceptions… Est-ce une manière de montrer que votre maladie ne vous empêche pas de vivre simplement ?

Absolument. Cela n’a pas toujours été le cas car j’ai d’abord eu besoin de faire un travail sur moi, un réel travail d’acceptation. L’acceptation d’une part de la maladie, mais également de toutes les conséquences sur ma vie.

Depuis une paire d’années maintenant, j’ai pris le parti de profiter de chaque moment que la vie me permet de vivre. Par exemple, ce n’est pas parce que je suis en fauteuil roulant que je n’aime pas la vie ou ne suis pas heureuse. Je crois au contraire que certaines épreuves dans la vie nous offrent la chance de trouver le bonheur et la joie dans de petites choses, des choses accessibles et tout autour de nous. Plutôt que de courir sans arrêt après quelque chose pour finalement passer à côté de tout. Et en ça, oui, la maladie ne m’empêche pas de vivre simplement. C’est un combat que je mène quotidiennement, dans ce sens.

Vous souhaitez garder l’anonymat. Est-ce un moyen de témoigner plus facilement ? Assumez-vous complètement votre handicap ?

Au début, c’était effectivement mon choix le plus strict de conserver mon anonymat. Pour des raisons personnelles, mais également parce que dans un premier temps, cela m’a surtout permis de m’exprimer plus librement. De ne pas avoir peur du jugement, de la moquerie. Et peut-être aussi par pudeur. Aujourd’hui, après deux années à tenir mon blog, cet anonymat n’est plus aussi important qu’au début. Écrire au quotidien, avoir su exprimer des choses très personnelles sur ma maladie, que je n’avais jamais exprimé à qui que ce soit autour de moi, m’a aidé à me construire davantage. Je crois pouvoir dire aujourd’hui que cela m’a permis d’être plus à l’aise avec la personne que je suis. Je n’ai plus honte de ma maladie, je l’accepte comme partie intégrante de moi. Je suis plus en phase avec moi-même et ne redoute plus d’en parler et d’exprimer mes ressentis.

Une rubrique de votre blog est consacrée à l’accessibilité. Vous y êtes sensible puisque vous êtes architecte et vous déplacez en fauteuil roulant. Quelles améliorations vous faciliteraient la vie au quotidien ?

Oui, depuis quelques temps, cette nouvelle rubrique sur l’accessibilité est apparue sur mon blog. J’y suis forcément très sensible puisque je me déplace en fauteuil roulant électrique et que je rencontre bien évidemment de nombreuses difficultés au quotidien. J’y suis également très sensible dans le cadre de ma profession d’architecte. L’accessibilité est une réelle problématique de société, elle a un réel enjeu sur le quotidien. Les améliorations qui pourraient me faciliter la vie sont notamment l’accès à tous ces lieux qui sont importants dans la vie quotidienne, tels que les mairies, les bureaux de poste, les commerces, les transports. Il y a des choses qui évoluent dans le bon sens mais trop lentement, c’est un fait. Encore trop de lieux me sont interdits puisqu’il y a des marches à l’entrée et que rien n’est prévu pour me faciliter l’accès. Mais je crois surtout que la première des choses à faire évoluer, ce sont les autres. Ces personnes valides qui n’ont pas conscience de ce qu’est de vivre au quotidien en situation de handicap. Ces personnes qui ne comprennent pas que faciliter l’accès est un réel besoin et que ces difficultés sont vraiment pénalisantes au quotidien pour les personnes en situation de handicap.

Je reste convaincue qu’en ayant une pensée plus globale sur ce que doit être l’accessibilité permettrait de concevoir une ville où chacun serait libre de se déplacer sans difficulté, d’aller à la rencontre des autres, quelle que soit sa condition physique.

Talentéo est en train de lancer le premier réseau social professionnel du handicap et de l’emploi. Pensez-vous que cet outil facilitera l’intégration des travailleurs en situation de handicap ?

La recherche d’emploi en tant que telle n’est déjà pas simple, surtout ces derniers temps. Mais elle l’est d’autant moins lorsque l’on est en situation de handicap. Les employeurs potentiels ne sont pas tous ouverts en ce qui concerne l’embauche de personnes en situation de handicap car ils se mettent parfois en tête que cela sera plus ‘compliqué’ qu’avec un autre candidat valide. En ça, l’initiative de Talentéo est intéressante car elle peut considérablement faciliter cette recherche. Je pense qu’il est important de valoriser le fait qu’un candidat en situation de handicap peut avoir autant de compétences qu’un candidat lambda. Cherchant actuellement à repenser mes objectifs professionnels, je serai probablement amenée à m’inscrire sur ce réseau social professionnel.

Parce que le handicap est aussi sur les réseaux sociaux, retrouvez Elodie sur Twitter 

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