Décryptons la prise de conscience actuelle de l’accessibilité auprès des professionnels du web avec l’aide de Tony Archambeau, administrateur du site InfoWebMaster.fr

Plusieurs métiers tournent autour de la conception et du développement d’un site ou d’une application web. Ces professions sont impliquées dans la conception de projets utilisés par des milliers d’utilisateurs, incluant des internautes ayant un handicap. Toutefois, l’accessibilité de ces projets est parfois décevante.

Quels sont les métiers du web impliqués ?

Vous souvenez-vous des premières années du web ? Cette époque où les sites web possédaient des designs archaïques, une ergonomie à déplorer, de mauvaises performances et un manque d’interactions flagrant ?

Heureusement, les domaines d’expertise nécessaire à la réalisation d’un projet web ont mûri, pour le plus grand bonheur des internautes. Pour un site web à fort trafic, plusieurs professions seront impliquées dès la création :

  • Le chef de projet coordonne l’équipe en charge de la conception.
  • Le web designer est un graphiste qui imagine une identité visuelle et conçoit les maquettes du site.
  • Le développeur est le référent technique qui écrit les lignes de code pour créer les fonctionnalités souhaitées. C’est parfois ce professionnel qui va convertir la maquette graphique en code pour intégrer le design au site web.
  • L’intégrateur est à mi-chemin entre le graphiste et le développeur. Il trouve parfois sa place dans les moyennes et grosses structures pour intégrer une maquette dans le code.
  • L’ergonome utilise son expertise pour faire en sorte que le site soit facile à utiliser pour les visiteurs ciblés.
  • Le rédacteur web est souvent impliqué (à tort) en fin de projet. Il comble les pages vides pour y insérer le contenu textuel.
  • Le référenceur améliore certains aspects du code source, de la hiérarchie des pages ou du contenu rédactionnel afin d’optimiser le site aux yeux des moteurs de recherche et des autres sources de visiteurs.

Si ces métiers sont les plus représentatifs, la liste n’est pas exhaustive. Il est par ailleurs très courant que les professionnels du web travaillent à mi-chemin entre plusieurs spécialités, particulièrement dans les petites structures qui n’ont pas la chance d’avoir des spécialistes dans chaque domaine.

Quels sont les professionnels conscients des contraintes de l’accessibilité ?

La législation française est encore trop souple et trop laxiste concernant la nécessité de concevoir des sites web ayant une bonne accessibilité. Il existe pourtant des recommandations et des groupes de réflexion par de grands organismes, tels que le W3C, un organisme de normalisation. Toutefois, ces mesures ne sont pas toujours bien connues des professionnels. D’ailleurs, les prises de consciences diffèrent selon les professions.

Le web designer devrait en théorie avoir de bonnes connaissances concernant les déficiences visuelles telles que le daltonisme. Il devrait être capable de concevoir un design en utilisant de bons contrastes, même pour les utilisateurs souffrant d’un des nombreux types de daltonisme.

L’ergonome, quant à lui, devrait être le premier sensibilisé aux troubles cognitifs. De nombreux ergonomes ont en effet effectué des études de psychologie cognitive. Ils sont sensés comprendre que le cerveau humain fonctionne différemment selon les individus et que certaines personnes souffrent de handicaps cognitifs ou moteurs.

Le référenceur doit aider un site web à être bien perçu des moteurs de recherche. Or le fonctionnement d’un moteur de recherche utilise des similitudes avec les logiciels utilisés par les déficients visuels pour lire le contenu d’une page web. Par exemple, les titres des pages web doivent être écrits avec une bonne sémantique pour que les logiciels de lecture d’écran les reconnaissent et les interprètent correctement.

Malgré ces quelques exceptions, les professionnels du web sont en pratique peu nombreux à avoir pleinement conscience de tous les types de handicaps, et à s’y adapter pour faciliter l’accessibilité du plus grand nombre.

Exemple de navigation au clavier

Certains internautes souffrent d’une déficience qui les empêche d’utiliser une souris d’ordinateur. Pour eux, l’essentiel de la navigation se fait au clavier. Grâce à la touche tabulation, ils peuvent sauter d’un lien à un autre jusqu’à atteindre l’élément qu’ils souhaitent. Cette méthode se révèle un peu contraignante si le site a été mal conçu. En effet, cela peut être lassant de cliquer une bonne dizaine de fois sur la touche tabulation avant d’accéder à l’élément souhaité.

Une étude scientifique révèle de bien mauvaises pratiques concernant la navigation au clavier sur des sites web pourtant populaires. Sur un des sites audités, un internaute doit cliquer à la souris 1,89 fois en moyenne pour accéder à un document, tandis que des internautes utilisant exclusivement le clavier devraient appuyer 114 fois sur la touche tabulation pour obtenir le même résultat. Cette différence se caractérise par un temps d’utilisation multiplié par 10 pour les utilisateurs privés de souris.

Un tel exemple dévoile le manque d’adaptation du code source pour faciliter la navigation au clavier. Pourtant, il est possible d’utiliser des adaptations dans le code HTML des pages web pour limiter le nombre d’appui sur la touche tabulation.

Tester un projet web dans les mêmes conditions qu’un utilisateur ayant un handicap

La meilleure solution pour sensibiliser les équipes de conception d’un site consiste à se mettre dans la peau d’utilisateurs ayant des déficiences. C’est simple et assez facile.

 

  • Pour simuler un problème moteur, il est tout simplement possible de débrancher la souris de son ordinateur. Imaginez que vous avez un bras dans le plâtre (essayez alternativement entre le bras gauche et le bras droit).
  • Autre exemple relativement simple : simuler une déficience visuelle. Télécharger un logiciel de lecture d’écran, puis essayez d’abandonner petit à petit l’utilisation de votre sens visuel.
  • Simuler un problème auditif est tout aussi possible en coupant les haut-parleurs. Le problème n’est pas aussi dramatique au quotidien à l’utilisation d’Internet, mais cela reste intéressant à tester.

En théorie, l’énervement et la frustration accompagnent les premières minutes de tests dans de telles conditions. Mais c’est la seule solution pour se rendre compte à quel point des gens souffrent du manque d’accessibilité.

En savoir plus : La navigation au clavier sur un site web
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Et vous, seriez-vous prêt à vous passer d’un sens, ou de votre souris pour utiliser votre PC ?

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