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Le CEA, acteur public majeur de la recherche scientifique et technologique, réunit des femmes et des hommes engagés au service de l’innovation et de l’intérêt général. À l’occasion d’Octobre Rose, mois consacré à la sensibilisation au cancer du sein et à l’importance du dépistage, Talentéo donne la parole à deux collaboratrices de cet organisme. Muriel et Camille nous parlent de leur parcours, du soutien qu’elles ont trouvé et de leur retour au travail. Leur message : parler, s’entourer et avancer à son rythme.
Pour commencer, pouvez-vous nous parler de votre parcours et du poste que vous occupez aujourd’hui au sein du CEA ?
Camille : J’ai rejoint le CEA dans les années 2000. Au fil du temps, j’ai occupé différents postes. Aujourd’hui, je prends un nouveau départ dans l’assainissement et le démantèlement d’une installation.
Muriel : Je travaille au CEA depuis 1997, j’ai occupé plusieurs postes de recherche dans différents laboratoires et aujourd’hui j’apporte mon soutien en qualité. Après un long arrêt pour soigner le cancer, j’ai retrouvé mon poste à mi-temps. Mon métier me permet de reprendre progressivement, ce qui m’aide beaucoup à retrouver un équilibre professionnel et personnel.
En quoi le fait de témoigner aujourd’hui est-il important pour vous ?
Muriel : Avant tout, je veux montrer qu’après un cancer du sein on peut retrouver une vie “normale et même une vie plus en accord avec soi-même. On peut aller mieux, renouer avec le travail et le lien social. Cette épreuve m’a rendue plus forte, et j’ai envie de transmettre ce message d’espoir. D’autre part, mettre des mots sur ce qu’on a vécu libère et allège.
Camille : Pour ma part, je veux surtout sensibiliser au dépistage. De plus, j’aimerais que la société reconnaisse mieux l’importance des soins de support comme l’hypnose, la kinésiologie, le shiatsu, la sophrologie ou l’art-thérapie. Ces pratiques m’ont aidée à accepter et à traverser la maladie, mais elles coûtent cher et ne sont pas remboursées.
Avez-vous hésité à aborder le sujet avec vos collègues ou votre hiérarchie ?
Avez-vous hésité à aborder le sujet avec vos collègues ou votre hiérarchie ?
Camille : Pas vraiment. J’en ai parlé rapidement à mon manager, puis à mon N+2 et à quelques collègues. Le plus dur a été d’en parler à mes proches enfants et parent. J’ai préféré attendre qu’ils soient prêts à entendre la nouvelle.
Muriel : Au moment du diagnostic, j’ai eu peur du regard de pitié. Pourtant, il n’y a aucune honte à être malade. En parler ensuite, finalement assez rapidement, m’a libérée et facilite les échanges avec ma hiérarchie et mes collègues. Cela a aussi renforcé la confiance au sein de l’équipe.
Quelles personnes vous ont accompagnées au sein du CEA et quels dispositifs avez-vous pu mobiliser ?
Muriel : Tout au long de mes traitements, j’ai gardé le lien avec la médecine du travail. Avant ma reprise, j’ai aussi échangé avec l’assistante sociale. C’est elle qui m’a orientée vers la Mission Handicap et m’a aidée à mieux comprendre mes droits, notamment pour poser des jours lors de mes contrôles médicaux. D’ailleurs les contacts avec mes collègues pendant le parcours m’ont beaucoup aidée.
Camille : De mon côté, j’ai rencontré le médecin du travail la veille de mon arrêt. Il m’a mise en contact avec l’assistante sociale, qui a joué un rôle essentiel. Elle a fait le lien avec mon employeur et m’a aidée à constituer mes dossiers, comme celui de la RQTH (Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé). Pendant mon arrêt, mes collègues et ma hiérarchie ont continué à prendre de mes nouvelles ce qui m’a permis de garder le lien avec ce collectif dont j’étais privée.
Comment s’est passé votre retour au travail ?
Camille : J’ai découvert mon cancer en juin 2024, lors d’un dépistage. Après l’opération et la radiothérapie, j’ai repris en septembre à mi-temps thérapeutique. J’ai commencé à préparer mon retour dès le printemps avec la médecine du travail et ma hiérarchie. Grâce à cette anticipation, j’ai pu me préparer à reprendre le travail et à revenir dans de bonnes conditions.
Muriel : Mon arrêt a duré seize mois, de décembre 2023 à avril 2025. Dès que je me suis sentie prête j’ai échangé avec la médecine du travail pour organiser la pré-visite de reprise, puis ma reprise qui a eu lieu 3 mois après. Anticiper m’a permis de respecter mes besoins et de retrouver confiance.
Quels aménagements ont facilité votre reprise ?
Muriel : J’ai repris à mi-temps, avec un rythme adapté. Ma hiérarchie m’a laissé le temps de retrouver mes repères. Ce cadre bienveillant m’a permis de me réhabituer progressivement à la vie professionnelle.
Camille : Je suis également en mi-temps thérapeutique. Une visite d’aménagement de poste est prévue avec l’infirmière. En parallèle, j’aimerais disposer d’espaces calmes pour se reposer quelques minutes et récupérer de l’énergie pendant la journée. En effet, ma plus grande contrainte est une forte fatigabilité due au traitement d’hormonothérapie.
Comment se déroule votre quotidien professionnel aujourd’hui ?
Camille : Tout est encore nouveau. Mon équipe fait preuve d’une grande compréhension. Nous prenons le temps d’avancer ensemble, sans pression inutile, et cela me permet de reprendre mes repères et de me réadapter tout en respectant mon rythme.
Muriel : Je continue à travailler à mi-temps, car c’est encore indispensable physiquement. Je garde le même poste et je bénéficie du soutien constant de ma hiérarchie et de mes collègues. Grâce à cette bienveillance, j’avance sereinement. Je poursuis désormais un suivi médical tous les six mois.
Quelles actions permettraient d’améliorer l’accompagnement des salariés touchés par un cancer du sein ?
Muriel : Il me semble essentiel de parler tôt avec la médecine du travail. Plus on anticipe, plus la reprise se déroule sereinement. Au CEA, de nombreuses solutions existent pour aménager le travail. En discuter en amont permet de reprendre avec confiance.
Camille : Pour ma part, je pense qu’il faudrait créer des salles de repos dans les bâtiments pour pouvoir s’isoler quelques minutes pour récupérer de l’énergie. De plus, toutes les personnes atteintes d’un cancer devraient pouvoir bénéficier d’une aide financière.
Quel message souhaitez-vous transmettre à celles qui vivent la même épreuve ?
Camille : Faites vos dépistages, c’est primordial puisqu’ils peuvent nous sauver la vie. Ensuite, prenez le temps qu’il faut pour vous reconstruire. Avancez à votre rythme et mettez votre santé en priorité. En parler aide souvent, mais chacun trouve sa propre manière de le faire.
Muriel : Gardez l’espoir ! Et parlez-en quand vous vous sentez prête. Il n’y a aucune honte à être malade. Oser en parler permet d’être mieux compris et mieux accompagné. Et surtout, on reçoit souvent plus de soutien qu’on ne l’imagine.
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