Antoine Bourven, 22 ans, aurait dû être moniteur de voile. Sauf qu’un soir de juillet 2013, alors qu’il cumule formation pour son monitorat et stage ouvrier pour sa 1ère année d’école d’ingénieur, c’est le mauvais saut dans une vague. Sa tête heurte le fond : il devient tétraplégique, plus question d’être moniteur.

Aujourd’hui étudiant en 3ème année au sein de l’INSA de Rennes pour devenir ingénieur en informatique, le jeune homme est accompagné par nos partenaires d’@talentEgal dans le cadre de son cursus. Nous l’avons rencontré alors qu’il terminait la course Croisière de l’EDHEC. Focus sur un talent !

Vous venez de terminer la Course Croisière de l’EDHEC : comment cela s’est-il passé ?

Nous avons terminé 7ème sur 35 de notre catégorie pour le Trophée MER (composé de régates) en temps compensé (calcul selon la jauge du bateau) en ayant gagné toutes les courses. Nous sommes 3èmes du Trophée EDHEC handi-voile.

Comment êtes-vous venu à la voile ?

J’ai toujours fait de la voile. C’est pendant ma rééducation que j’ai repris la mer en participant à la Croisière du Croisic organisée par le centre de Pen Bron.

Elle permet à des personnes en situation de handicap, accompagnées de valides, de naviguer pendant 2 jours. Le départ se fait à La Turballe et va jusqu‘au barrage d’Arzal et retour. On dort une nuit sur place.

Et pourquoi l’EDHEC ?

Je participe depuis 3 ans à cette course ; c’est Charlotte, une amie, qui m’a embarqué dans ce projet. Je m’occupe de la recherche de partenaires, du montage du projet jusqu’à la régate en elle-même. Je ne navigue plus beaucoup, mais c’est super d’être sur l’eau !

Quel est votre rôle pendant la course ?

Les 2 premières années, je gérais la tendance du vent grâce à un boitier qui donnait son oscillation, sa stabilité. Je donnais ces informations aux skippers.

J’étais le relais entre Olivier, le skipper, Gilles, le tacticien, et les marins à l’avant du bateau. Je retransmettais leurs infos.
Etant installé dans le carré, lieu de vie de l’équipage, je gérais les taquets pour libérer les écoutes, aider à l’envoi et à l’affalage du spi – petite voile hissée à l’avant du voilier.

Cette année, j’ai aussi travaillé à la lecture des cartes sur tablette pour la gestion des fonds. Et comme il y avait des parcours côtiers, je donnais les indications de direction pour le franchissement des bonnes balises.

Concrètement, comment êtes-vous installé dans le bateau ?

On monte le fauteuil manuel sur le bateau et 5 personnes me portent pour m’installer sur mon siège… qui n’est autre qu’une chaise de jardin en plastique dont on a coupé les pieds !

Pour caler mes jambes, mes pieds sont posés sur les marches du carré. La chaise est attachée dans le cockpit, grâce à une sangle en cuir de 30cm de large qui passe autour de mon tronc, et des velcros. Des coussins me calent lorsque le bateau gite.

Dans certains bateaux au cockpit plus spacieux, il est possible d’y rentrer directement en fauteuil et de le fixer, sans avoir besoin de fabriquer un siège adapté.

Toute cette préparation demande du temps ?

La 1ère année, nous avons eu le bateau le lundi pour le samedi ! C’est la mission handicap de Sopra Steria (dont nous portons également les couleurs) qui l’a trouvé et a donné les plans de la sangle qui a été fabriqué par une voilerie.
Leur team Jolokia est composée d’un équipage de tous âges et mixtes : hommes et femmes, valides et non-valides ; ils sont habitués à gérer des handicaps.

Vous avez repris vos cours après votre accident. L’école était-elle prête à vous accueillir ?

1 an avant ma reprise, je suis venu avec les gens du centre de rééducation. Ils ont été impressionnés par la volonté et l’écoute de l’école à faire que tout se passe bien. Il a fallu faire des aménagements comme l’automatisation de l’ascenseur et de 2 portes extérieures. L’INSA est en pente : pratique pour circuler, sauf pour aller au self où je prends l’ascenseur qui est grand. Les zones de route ont été refaites aussi.

Dans la résidence étudiante de l’INSA, 6 logements sont adaptés aux personnes en situation de handicap, ils sont domotisés, la porte extérieure est électrique et je suis à 300m de l’école !

@talentEgal vous accompagne dans le cadre de vos études. En quoi cela consiste ?

Eloïse Brault, la responsable de la mission handicap de l’INSA, m’a fait rencontrer @talentEgal en novembre 2017. Ils m’ont mis en contact avec des ingénieurs informatiques pour des interviews dans le cadre d’un projet de l’école. Mais c’est surtout lorsque je vais chercher du travail que je vais avoir besoin d’être épaulé.

Que diriez-vous à ceux qui pensent que parce qu’ils sont devenus handicapés, la voile et autres sports, sont finis pour eux ?

Je dirais juste qu’il y a toujours la possibilité de pratiquer son sport, même si c’est adapté, même si c’est différemment.

 

Un beau témoignage qui montre que le handicap n’arrête pas les compétences ! Un fait dont nos partenaires @talentEgal sont convaincus.

Véritable passerelle entre lycées, études supérieures et premier emploi, l’association accompagne les étudiants des écoles partenaires en situation de handicap pendant toute la durée de leurs études supérieures et jusqu’à leur insertion professionnelle.

Intéréssé(e) ? Découvrez vite l’accompagnement proposé par @talentEgal !

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