Claire Magimel est une sociologue spécialisée sur les questions de handicap et d’accessibilité. Pour Talentéo, elle accepte de se pencher sur les questions de l’accessibilité de l’emploi, en particulier pour les étudiants.
Talentéo avait déjà parlé de Claire Magimel. Cette sociologue experte du handicap a travaillé sur l’accessibilité du cite du centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ), Jcomjeune.com. Elle avait également coorganisé les premières rencontres professionnelles de l’orientation des jeunes handicapés.
Aujourd’hui, Talentéo l’interviewe en 7 questions capitales.
Claire Magimel, comment avez-vous choisi d’effectuer une thèse sur l’accompagnement des étudiants handicapés dans l’enseignement supérieur ?
Suite à ma reconnaissance tardive de mon handicap dû à une méconnaissance de mes droits, je souhaitais obtenir un diplôme de troisième cycle sur la question du handicap, pour démontrer qu’il est possible de faire des études supérieures longues en ayant un handicap de naissance. Je voulais également faire passer le message que mon parcours, qualifié par beaucoup d’exceptionnel, n’était pas si exceptionnel qu’on le laissait entendre. Je n’étais pas une exception !
Qu’est-ce que les mots « handicap » et « accessibilité » vous évoquent ?
Pour moi, ces deux termes sont des contraires. L’accessibilité est la mise à disposition de ressources compensatrices d’incapacités permettant de réaliser une action. Le handicap est l’absence d’accessibilité de ces ressources palliatives. Ainsi, une personne ne maitrisant pas l’alphabet ni la langue russe aura un handicap pour utiliser les transports en commun et communiquer en Russie, par exemple. De ce fait, pour moi, les termes de handicap et d’accessibilité ne doivent pas être uniquement associés aux personnes handicapés.
A quelles difficultés les étudiants en situation de handicap sont confrontés dans l’enseignement supérieur ?
Comme dans l’ensemble de la société, les étudiants handicapés sont tout d’abord confrontés aux représentations que les personnels administratifs, enseignants ou étudiants ont du handicap et des personnes handicapées.
Viennent ensuite les autres difficultés d’organisation des enseignements, et plus généralement de l’accessibilité, tant architecturales que pédagogiques, des études supérieures.
Quels efforts doivent être faits afin d’insérer ces étudiants ?
L’accessibilité pédagogique et architecturale pour les différents « types de handicap » est encore a développer ou à mettre en œuvre dans un grand nombre d’établissements. La sensibilisation de l’ensemble de la communauté étudiante est également un axe à développer, tout comme la formation des enseignants. Il faut que chacun puisse comprendre les conséquences de son comportement pour les personnes handicapés, mais aussi leurs besoins. Cela doit permettre aux étudiant handicapés d’accéder plus facilement aux études supérieures.
Avez-vous la sensation que les mentalités évoluent aujourd’hui en matière de handicap ?
La loi du 11 février 2005 sur le handicap a permis d’amorcer un changement dans les mentalités. La prise en compte des besoins spécifiques des personnes handicapées dans tous les domaines de la société leur permet d’y accéder plus facilement. Elles sont donc plus visibles, et leur présence dans toutes les sphères de la vie sociale favorise l’évolution des mentalités.
A côté de votre travail de sociologue, vous êtes investie en faveur des personnes en situation de handicap. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ayant eu un parcours scolaire et professionnel principalement hors du secteur institutionnel du handicap, tout en étant handicapée depuis ma naissance, l’un des objectifs de mes actions est de favoriser les liens entre les personnes dites « handicapées » et celles dites « valides ». C’est dans cette optique que je m’investis depuis une quinzaine d’années dans des projets permettant à chacun de mieux connaitre l’autre.
Notre réseau social lereseautalenteo.fr est sorti il y a peu. Comment faire à votre avis pour qu’il soit le plus efficace possible ?
Selon moi, quel que soit le projet, celui-ci se développera par lui-même s’il répond à un réel besoin et que les produits développés sont de qualité. Bien que la méthode soit plus longue, je crois profondément à la réputation et au bouche à oreilles comme outil de communication.
Rendez-vous donc sur lereseautalenteo.fr !
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