Aller voir ce qui se fait ailleurs est toujours source d’inspiration. Talentéo s’est envolé vers Québec pour découvrir comment le handicap se vit là-bas. Et c’est à travers le parcours de Jeanne Choquette, atteinte de surdité et implantée cochléaire sur les deux oreilles, que nous allons en savoir plus.

Vivre avec un handicap à Québec : l’histoire de Jeanne, réalisatrice pour la télévision

Détectée à 7 ans, la surdité de Jeanne n’a pourtant jamais été prise en charge sérieusement à cette époque.

“ A l’adolescence, mes parents pensaient que j’avais l’ouïe sélective. Je n’entendais que ce que je voulais”.

Aujourd’hui à la retraite, Jeanne a toujours été volontaire et décidée à ce que son handicap ne soit pas un frein dans sa carrière. Son rêve ? Devenir réalisatrice pour la télévision. Elle entre sur le marché du travail en devenant journaliste pour la radio à Radio Canada, dans l’ouest du pays. C’est son employeur qui détecte son problème d’audition.

“ J’étais chargée de montages des reportages. Mon patron s’est aperçu que je ne faisais pas les coupes au bon endroit. Je n’entendais tout simplement pas. Il m’a conseillé d’aller voir un spécialiste de l’ouïe.“

Concrétiser son rêve malgré son handicap

Une situation qui ne l’a pas empêchée de gravir les échelons et de parvenir à concrétiser son rêve.

“ Je voulais faire de la télé. J’ai postulé et j’ai été prise. Je n’en reviens toujours pas aujourd’hui. J’étais vraiment motivée.”

Réalisatrice pour la télévision, Jeanne a dû fournir des efforts colossaux pour pouvoir suivre les discussions, notamment pendant les réunions.

“ Quand plusieurs personnes parlent en même temps, ou lorsque je ne vois pas les lèvres de l’interlocuteur, je dois me concentrer énormément. Cela demande beaucoup d’énergie. Le soir, en rentrant à la maison, j’étais “ brûlée”, exténuée”.

Très bien entourée par son équipe, elle a pu compter sur leur compréhension et leur bienveillance.

“ Ils savaient comment faire pour attirer toute mon attention et s’assurer que j’entende ce qu’ils avaient à me dire : se mettre face à moi, se déplacer jusqu’à mon bureau pour m’interpeller. »

“L’implant cochléaire a transformé ma vie professionnelle”

Équipée d’appareils auditifs sur l’une puis sur les deux oreilles, Jeanne poursuit sa carrière. Jusqu’à l’accident au travail qui lui fait perdre complètement l’audition sur l’oreille droite.

“Je suis passionnée par les nouvelles technologies. Mon audioprothésiste m’avait fait découvrir les systèmes FM. Cela m’a beaucoup aidé pour continuer à faire mon travail de journaliste et de réalisatrice. Ils sont assez dispendieux. C’est mon employeur et le syndicat qui ont pris en charge la facture. ”

Ces systèmes utilisent un micro déporté que l’on pose à côté de la personne qui parle. Le son parvient directement dans les appareils auditifs. Une technologie performante, mais limitée.

“J’ai vite senti que cela n’allait pas être suffisant. C’est à ce moment-là que l’on m’a parlé de l’implant cochléaire. J’ai effectué mes recherches, car j’étais très réticente. C’est en France que j’ai trouvé le plus d’informations et de témoignages de personnes implantées. J’ai cherché des témoignages de personnes pour qui cela n’avait pas fonctionné. Je n’en ai pas trouvé un seul. Cela m’a décidé à me faire opérer.

Un équipement pris en charge par le gouvernement

Jeanne a été implantée d’abord sur une oreille, puis sur la deuxième quelques années plus tard. Son parcours a d’ailleurs fait l’objet d’un documentaire sur Radio Canada.

“L’implant cochléaire a changé ma vie et ma carrière professionnelle. Cela m’a permis de faire des choses que je n’aurais jamais pu faire avant. “

Ses collègues ont vu la différence également.

“Nous travaillions dans un espace ouvert. Les gens se parlaient d’un bureau à l’autre. J’ai pu à mon tour leur répondre. Alors qu’avant, je ne les entendais même pas parler”.

Les stratégies de communication encore méconnues par la plupart des québécois

Toute jeune retraitée, Jeanne n’a pourtant pas perdu de son énergie et de son dynamisme. Présidente d’Audition Québec, elle milite pour une plus grande prise en compte de la surdité dans l’espace public. La pandémie de COVID 19 et l’obligation du port du masque ont mis en lumière les difficultés de communication que rencontrent les malentendants. Et surtout les jeunes malentendants qui doivent travailler malgré les masques.

“ Cela a été un formidable tremplin pour sensibiliser le public sur les stratégies de communication à privilégier avec les malentendants. Les gens sont encore trop nombreux à penser que, face à un malentendant, parler très fort suffit à se faire comprendre. Le masque opaque a permis de mettre l’accent sur la lecture labiale.”.

Une opportunité que Jeanne rêve de voir se transformer en vraie prise de conscience sur le long terme.

Sensibiliser les employeurs, rassurer l’entourage

Audition Québec, en partenariat avec L’Observatoire Vieillissement et Société, et le laboratoire en audition et vieillissement du CRIUGM, ont lancé le livret illustré “ Pour mieux vivre ensemble avec la perte auditive. En contexte de pandémie et en tout temps“.

Ce guide explique comment faciliter la communication dans des situations d’échange difficiles. Il traite de plusieurs sujets permettant de mieux comprendre les difficultés que les personnes âgées, ainsi que toutes les personnes vivant avec une déficience auditive, vivent dans certaines situations de communication difficiles. Des stratégies permettant de minimiser les bris de communication y sont proposées. »

Explosion de la visioconférence, le sous-titrage encore à la traîne

De ce côté-ci de l’atlantique, le télétravail et les réunions en visioconférence ont explosé pendant la période de pandémie mondiale. Jeanne se réjouit du recours à ces solutions qui permettent de voir les lèvres de son interlocuteur. Elle regrette cependant le retard dans l’accessibilité du sous-titrage de ces solutions.

“ Google Meet par exemple, a déployé la retranscription écrite en français pour la France. Ici au Canada, nous n’avons accès qu’au sous-titrage en anglais. C’est rageant.”

Un grand espoir dans les nouvelles technologies

Pour cette grande férue de technologies, Jeanne attend avec impatience l’arrivée de l’Intelligence Artificielle au cœur des microprocesseurs des appareils auditifs et des implants cochléaires.

“ Je suis très optimiste par rapport aux avancées technologiques. Les capacités de l’Intelligence Artificielle laisse imaginer les progrès pour l’émergence de la parole dans le bruit. Cela va améliorer grandement notre qualité de vie. ”

Vous souhaitez témoigner de la vie avec un handicap dans votre pays ? N’hésitez pas à nous contacter sur nos plateformes sociales.

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