Accompagner les enfants en situation de handicap dans le milieu scolaire ordinaire, telle est la mission des A.E.S.H. Derrière cet acronyme un peu barbare, ce sont des milliers de personnes – et il en manque encore beaucoup – qui chaque jour, se tiennent aux côtés de ces enfants pour leur permettre d’aller à l’école comme leurs copains, au-delà de leur handicap. Talentéo vous emmène à la découverte du métier avec Marylyn, A.E.S.H depuis 7 ans.

L’accompagnant des élèves en situation de handicap ( A.E.S.H.)

A.E.S.H. signifie « Accompagnant des Élèves en Situation de Handicap ». D’après le site gouvernemental, l’A.E.S.H. assure “des missions d’aide aux élèves en situation de handicap, de la maternelle au lycée. Ainsi, sous la responsabilité pédagogique des enseignants, ils ont vocation à favoriser l’autonomie de l’élève, sans se substituer à lui dans la mesure du possible”. L’accompagnement porte sur les actes de la vie quotidienne, l’accès aux activités d’apprentissage (éducatives, culturelles, sportives, artistiques ou professionnelles), les activités de la vie sociale et relationnelle.

C’est la Maison Départementale des Personnes Handicapées (M.D.P.H.) qui décide de l’accompagnement de l’enfant par un(e) A.E.S.H et fixe le nombre d’heures d’encadrement.

“ Très vite, on ne voit plus le handicap. On ne voit que l’enfant” : Marylyn est A.E.S.H. depuis 7 ans

Marylyn, la cinquantaine bientôt, mère de 3 enfants, grand-mère de 2 petits-enfants et ancienne assistante maternelle, exerce le métier d’A.E.S.H. depuis près de 7 ans. Elle a commencé avec Esteban, qu’elle a accompagné à son entrée en maternelle, de ses 3 à 5 ans. Handicapé moteur, il ne peut ni parler, ni marcher.

« Quand ai-je appris que j’allais m’occuper de lui ? Le jour de la rentrée. Tout comme j’ai découvert son handicap le même jour. Nous ignorons tout de l’enfant avant de le rencontrer. Tout comme les parents apprennent la présence d’un(e) A.E.S.H. le jour de la rentrée de l’enfant. »

Les premiers jours sont difficiles, chacun devant découvrir l’autre.

« ll nous faut un temps d’adaptation, qui amène le doute, voire même la remise en question “Qu’est-ce que je fais là ?” Et puis, très vite le handicap passe au second plan, la relation avec l’enfant se renforce, les barrières se lèvent et la communication, même non verbale, se met en place. Je m’occupe d’un enfant avant tout. »

Son mari étant muté dans une autre région, Marylyn doit quitter Esteban.

« C’est toujours une véritable déchirure que de quitter l’enfant qu’on accompagne tous les jours. Pourtant c’est un métier que j’adore. Quand j’ai commencé à travailler auprès de ces enfants, je me suis sentie à ma place, utile. »

S’adapter à tout type de handicap

Si le premier enfant était en situation de handicap moteur, Marylyn a accompagné ensuite une petite fille atteinte de trisomie, ainsi qu’une jeune fille malvoyante au collège. Les handicaps sont aussi variés que les enfants sont uniques.

« Cette année, je me suis occupée d’une jeune fille qui, à son entrée en 6ème, ne savait ni lire, ni écrire. Elle n’avait pas de handicap reconnu, mais elle avait besoin d’être accompagnée, canalisée pour favoriser sa concentration. En fin d’année, elle a commencé à écrire et à lire. C’est ma victoire personnelle. J’en suis fière et tellement soulagée pour cette jeune fille. »

La relation à l’enfant est la première chose que Marylyn cite quand on l’interroge sur ce qu’elle aime dans son métier.

« J’ignorais tout du handicap à mes débuts d’A.E.S.H, cela m’a permis d’aborder l’enfant comme un enfant et non pas un handicap. Je vois l’enfant, ses progrès, son épanouissement, comment il s’ouvre aux autres. C’est très fort. »

Patience, discrétion et volonté : la recette pour s’épanouir en tant qu’A.E.S.H

Pour Marylyn, certains traits de caractère sont indispensables pour s’épanouir dans cette activité :

  • Aimer les enfants : faire preuve avec eux de patience, d’écoute, d’adaptation
  • Savoir rester discret(e) pour ne pas perturber la classe
  • Etre respectueux(se) : de l’enseignant.e, des procédures, des règles mises en place
  • Oser aller vers l’inconnu : ne pas avoir peur du handicap, de rencontrer un nouvel enfant à chaque rentrée.

« J’ai envie de dire à celles et ceux qui s’intéressent à ce métier : n’hésitez pas. Les relations avec les enfants sont tellement enrichissantes. Les voir évoluer est une vraie source de satisfaction dans son travail. »

Un métier en manque de personnel, mais aussi de reconnaissance

Le site de l’éducation nationale précise que les A.E.S.H “sont des acteurs-clés qui contribuent à la mise en place d’une école pleinement inclusive, pour offrir à chaque élève, de la maternelle au lycée, une scolarité adaptée à ses besoins.“ Bien que le manque de personnel soit criant, leur rôle manque encore cruellement de reconnaissance, de valorisation et d’accès à une formation plus poussée.

« Une donnée qui est à prendre en considération également, c’est le salaire. Car il n’est pas très élevé dû aux nombres d’heures des contrats. Je sais que beaucoup de personnes aimeraient faire ce métier mais ne peuvent pas car trop la situation salariale est trop précaire. Aussi, les deux premières années, je travaillais comme A.V.S. (Auxiliaire de Vie Scolaire), en contrat aidé. Ce statut a été réformé entre-temps en A.E.S.H. Je suis dans ma 5ème année en tant qu’A.E.S.H. en CDD. Il me reste encore un an et demi avant d’obtenir un C.D.I. Je suis repartie à zéro quand ils ont réformé le statut d’A.E.S.H… Pourtant je faisais le même métier. »

Recrutés en C.D.D de 3 ans renouvelable une fois, il faut avoir exercé 6 années en tant qu’A.E.S.H pour obtenir un CDI. Malheureusement, les années en tant qu’A.V.S. ne sont pas prises en compte dans le calcul.

Considération, communication et confiance

Ce que pointe du doigt Marylyn par rapport à son métier est le manque de considération.

« Le travail d’A.E.S.H. est un véritable métier, qui mérite d’être reconnu et valorisé. Nous avons quelques heures de formation mais une fois sur le terrain, nous sommes livrés à nous-même. D’ailleurs, nous ne sommes pas formés aux différents handicaps. Nous apprenons avec l’enfant. Nous participons à une réunion annuelle avec l’équipe enseignante. Mais les parents de l’enfant ne sont pas présents. »

Un manque de communication, de coordination et même de confiance, qui lui paraissent cruciaux dans le bien-être et l’évolution de l’enfant accompagné.

Des ajustements qui pourraient tout à fait être réalisés pour permettre à chacun d’y trouver son compte. D’ici là, la motivation et l’engagement de Marylyn ne faibliront pas.

« Je me sens à ma place auprès de ces enfants. Avec cette relation qui se crée entre l’enfant et son A.E.S.H., notre métier prend tout son sens. Et à l’heure actuelle, avoir un métier qui a du sens, c’est important. »

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