Comme chaque samedi, Talentéo vous invite, et tout cela grâce à nos amis d’EnRoutePourRio, à un rendez-vous sportif avec des interviews au plus proche de vos sportifs préférés. Aujourd’hui nous recevons le témoignage de Michaël Jeremiasz, joueur professionnel de tennis en fauteuil. A vos raquettes !

Question présentation : Tout d’abord, pour ceux qui ne te connaissent pas, peux-tu te présenter en quelques mots ?

J’ai 32 ans. Je suis joueur de tennis en fauteuil professionnel. J’ai commencé le tennis « debout » à l’âge de 5 ans puis à l’âge de 18 ans j’ai été victime d’un accident de ski qui m’a rendu paraplégique. 1 an plus tard je découvrais le tennis en fauteuil. L’aventure pouvait donc continuer. En parallèle de ma carrière, j’ai co-fondé l’association Comme les Autres et la société Handiamo !. Je suis aussi conférencier en entreprises. On me décrit comme un sportif de haut niveau pour causes d’intérêt général.

Question histoire : Raconte-nous comment le tennis est entré dans ta vie ?
Comme beaucoup d’enfants, j’ai découvert le tennis après que mes parents m’y aient mis. Etant eux-mêmes des joueurs de tennis amateurs, ils ont su me transmettre leur passion ainsi qu’à mes frères. Cela fait maintenant plus de 25 ans que je pratique ce sport.

Question d’actualité : Tu viens de jouer les Masters, compétition prestigieuse clôturant la fin de saison, content de ta prestation ?

Je finis 5ème en simple en battant notamment les numéros 3 et 4 mondiaux. Petit regret de ne pas atteindre les 1/2 finales après deux défaites en 3 sets en poule. En double, associé au français Nicolas Peifer, nous nous inclinons en finale après avoir remporté 4 matchs de la plus belle des manières. De très bonne augure pour la suite.

Question de curieuse : Quel est ton tournoi préféré et pourquoi ?

Mon tournoi préféré est l’Open de Sardaigne. Il a lieu à Alghero fin septembre dans un cadre magnifique au bord de la mer. Les organisateurs et bénévoles font un travail remarquable pour que l’on puisse passer une semaine de qualité sur et hors du terrain. L’ambiance est très festive et la nourriture est exceptionnelle. Cela n’est pas par hasard si c’est le tournoi où les joueurs emmènent le plus souvent leurs proches.

Question de super curieuse : Quel est celui que tu aimes le moins ?

Les tournois que je n’aime pas, dans la mesure du possible, je ne les fais pas. Je n’ai pas eu une très bonne expérience au tournoi de Kobe au tout début de ma carrière. Je l’ai tellement mal vécu que je me suis fais rapatrier 5 jours après mon arrivée.

Question nostalgique : Quel est ton meilleur souvenir sur le circuit ?

Je dirais ma médaille de bronze en simple aux jeux paralympiques d’Athènes en 2004 suivi de très près de ma médaille d’or en double aux jeux paralympiques de Pékin en 2008, et enfin ma victoire à l’Open de France en 2005 contre David Hall numéro 1 mondial cette année là, que je battais pour la 1ère fois devant tous mes proches après avoir été mené 5/0 au 3ème set.

Question diététique : Ton repas type avant un match ?

Le matin ce sera un bol de céréales (Spécial K chocolat au lait) avec du lait, des fruits et beaucoup d’eau. Si je joue l’après-midi et que j’ai le temps, ce sera le classique plat de pâtes ou riz avec des protéines (poulet, poissons…) avec encore une fois beaucoup d’eau.

Question kiné : Entre les gestes du tennis, et ceux pour diriger le fauteuil, lesquels sont les plus susceptibles de provoquer des douleurs ?

Je pense que l’association des deux provoque des douleurs. Le sport de haut niveau n’est pas bon pour la santé.

Question groupie : Quel joueur « valide » admires-tu le plus ?

Je ne vais pas être très original, le joueur de tennis valide que je préfère est Roger Federer. Pour moi, c’est le plus grand joueur de tennis de tous les temps avec une technique qu’on rêverait tous d’avoir. Cependant, notamment pour ses engagements, j’ai beaucoup de sympathie pour Tommy Robredo qui organise chaque année un tournoi international de tennis en fauteuil.

Question économie : On sait combien il est difficile de joindre les 2 bouts dans ta discipline, parle-nous de tes sponsors qui t’aident à équilibrer ton budget ?

La pratique du tennis en fauteuil à haut niveau coûte très cher. Il nous faut financer nos entraînements de tennis, notre préparation physique et mentale, nos déplacements en tournois, nos hôtels, repas… ce qui représente environ 80 000€/an. Nous avons la chance d’être un sport où les gains en tournois sont croissants mais insuffisants pour être professionnels. Nous sommes donc dépendants du sponsoring privé. J’ai la chance d’être soutenu depuis plusieurs années par les sociétés Babolat, Lacoste et Invacare et plus récemment par le groupe Malakoff Médéric, partenaire très engagé, notamment à travers le club des supporters Handisport qu’ils ont créé pour « imposer » une plus grande médiatisation des Jeux Paralympiques.

Question chauvine : Tu as fait une démonstration lors du nouveau tournoi de Mouilleron le Captif au Vendespace, qu’as-tu pensé de cet endroit ?

J’ai effectivement eu la chance de faire une démonstration de tennis dans ce superbe complexe avec trois jeunes de cette belle région entre les matchs de Michaël Llodra et Nicolas Mahut. J’ai été bluffé par l’organisation de ce challenger et par la qualité de ses infrastructures.

Question glisse : Le ski est un autre sport que tu adores, as-tu la possibilité de le pratiquer ?

Le ski est et a toujours été mon sport préféré. Je me suis retrouvé paraplégique après un accident de ski survenu il y a plus de 13 ans maintenant. Il n’a jamais été question d’abandonner cette passion, 1 an après mon accident je remontais sur des skis et depuis je ne cesse d’y retourner en retrouvant et développant des sensations de glisse exceptionnelles. Je m’assure d’aller skier au moins une fois par an.

Question « et si » : Et s’il n’y avait pas eu cette belle aventure du tennis-fauteuil, à quel métier te destinais-tu ?

Avant mon accident j’étais un jeune de 18 ans, étudiant en Langues étrangères appliquées. Difficile de dire ce que je serais devenu : professeur, traducteur, concurrent de Nelson Monfort…

Question morale : Est-ce que pour toi, dédramatiser le handicap, c’est mieux de le faire accepter ?

Il faut évidemment dédramatiser dans la mesure du possible le handicap en banalisant son existence dans la société. Le sport est un formidable outil pour sensibiliser le grand public à la différence.

Question qui fâche : A ton avis, comment la médiatisation du handisport en général pourrait être améliorée ?

Elle passera par un engagement croissant des médias mais aussi par une prise de conscience du grand public des performances exceptionnelles des athlètes handisport.

Question Geek : Que t’apportent les réseaux sociaux ?

Cela permet surtout de satisfaire mon égo. Plus sérieusement, je m’en sers comme un outil de communication avec mes proches et plus généralement le public. C’est un bon palliatif au manque de médiatisation de nos sports. Aussi, nous avons la liberté ainsi de contrôler notre communication vers nos plus fervents supporters.

Question licence : Es-tu affilié à un club et si oui lequel ?

J’ai le plaisir d’être retourné dans mon club d’enfance le TC XII Bercy qui depuis le début de l’année a créé une section de tennis handisport (la première sur Paris). Nous ambitionnons de devenir la plus grosse structure d’Ile-de-France et pourquoi pas de France.

Question de la fin : Un petit mot sur ton association « Comme les autres » ?

J’ai co-fondé en 2011 avec mon grand-frère et ma femme cette association qui s’est fixée pour objectifs de :

  • soutenir et accompagner les personnes handicapées à la suite d’un accident de la vie dans leur parcours de reconstruction physique, psychologique et sociale,
  • contribuer par ses actions aux nécessaires changements de regards et de relations entre le « monde du handicap » et le « monde valide ».

Pour financer tous nos projets, nous avons besoin de partenaires forts et engagés. Vous pouvez nous contacter à l’adresse suivante : contact@commelesautres-asso.org

Question bonus : Aimes-tu répondre aux interviews ?

J’avoue prendre beaucoup de plaisir à répondre aux interviews car elles sont pour moi un moyen de faire passer des messages et de défendre les causes que je défends avec force et passion.

Merci à Michaël Jeremiasz pour cette interview ! Retrouvez-le notamment via ses comptes facebook et twitter !
Et merci à @ValouBelle et @kevin_bardon pour la rédaction de l’interview !

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