Champion paralympique sur 100 mètres, champion du monde du 400 mètres, vice-champion du monde du 100 mètres, champion d’Europe, 2 fois médaillé de bronze aux 400 mètres aux Championnats du monde et recordman d’Europe du 200 mètres… le palmarès du sprinteur paralympique de 33 ans est pour le moins impressionnant ! À un peu plus d’un mois des Championnats du monde de para athlétisme se déroulant du 8 au 17 juillet à Paris, celui qu’on surnomme le « guépard blanc » a accepté de se confier.
Quelles sont vos prochaines échéances sportives ?
Il y a donc les Championnats du monde de para athlétisme en juillet prochain et les Championnats du monde handisport d’athlétisme à Kobé au Japon du 17 au 24 mai 2024 qui sont un peu le dernier gros test avant les Jeux paralympiques.
Diriez-vous que les Championnats du monde sont une sorte de préparation aux Jeux Paralympiques Paris 2024 ?
Certains le verraient sans doute ainsi. Personnellement, je suis plutôt du genre un pas après l’autre. Cela reste un Championnat du monde, ce n’est pas rien, ce n’est pas à prendre à la légère.
Je le prends d’ailleurs extrêmement sérieusement : je m’entraine 15 à 25 heures par semaine, selon les cycles d’entrainement. À l’approche des Championnats, le volume horaire va diminuer, pour faciliter la récupération. En revanche, l’intensité va augmenter pour que chaque session d’entrainement devienne plus qualitative.
Avez-vous rencontré des obstacles tout au long de votre parcours ?
Oui. J’ai commencé l’athlétisme à 11 ans, quand j’étais malvoyant. Je suis devenu totalement non-voyant à 19 ans. À 13 ans, nous avons déménagé avec ma famille et j’ai été obligé d’arrêter la pratique de l’athlétisme : je ne trouvais pas de structure qui voulais bien m’accueillir.
Je me suis même entendu dire, mot pour mot, « je n’ai pas de temps à perdre avec un aveugle ». Cela a été particulièrement difficile. Je me suis réfugié dans la musique et je n’ai repris le chemin des stades qu’à 21 ans, le temps de trouver un endroit pour m’entrainer.
Quelles sont les victoires qui vous ont particulièrement marqué ?
Difficile de choisir… Je dirais, mon 1er titre de champion d’Europe en 2014, obtenu à un centième près. C’est mon premier titre international ! La veille, j’avais été disqualifié aux 100 mètres. Et là, je décroche l’or aux 400m. Ce fut très fort émotionnellement !
Ensuite, mon 1er titre de champion du monde sur 400 m en 2019 à Dubaï que j’ai gagné sur la ligne alors qu’à mi-course, personne n’imaginait que nous pouvions décrocher une victoire.
Enfin, aux Jeux de Tokyo en 2021. J’ai été disqualifié aux 400 m alors que je partais favori. Trois jours plus tard, je décroche l’argent aux 100 m, en faisant la deuxième meilleure performance de l’Histoire !
Evidemment je serai comblé de remporter une médaille d’or aux Jeux paralympiques et 2 nouveaux titres mondiaux lors des prochains Championnats du monde de para athlétisme… J’y travaille !
Avez-vous déjà pensé à prendre votre retraite ?
J’aimerais pouvoir tenir jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028. J’aurais alors 38 ans. Si je continue à avoir une bonne hygiène de vie, à prendre soin de mon corps, je peux tenir jusque-là. Mais je veux absolument éviter de faire l’année de trop. Je veux y aller en sachant qu’il y a potentiellement une médaille à la clé. Cela ne m’intéresse pas d’aller en sélection pour aller en sélection. Ce serait un manque de respect pour moi-même et pour le maillot de l’équipe de France.
En tant que sportif de haut niveau, je bénéfice d’une Convention d’Insertion Professionnelle qui permet d’allier sport et activité professionnelle. Je travaille pour NEO, dans l’évènementiel sportif. J’ai créé et j’anime depuis 2019 une formation dans la communication, et plus particulièrement sur l’écoute.
Pour le suite, je ne m’inquiète pas ma vie est très riche à côté de l’athlétisme. Je fais du rap depuis l’âge de 13 ans d’ailleurs je sors prochainement un nouveau clip, la suite de celui sorti il y a quelques mois, « Tillem ». Et le 6 juin, je lance avec une équipe de développeurs un jeu vidéo sur mobile accessible à tous les handicaps. C’est une première mondiale !
J’ai aussi beaucoup de projets : un album en préparation, un one man show, en cours d’écriture, que j’aimerais pouvoir roder sur des petites scènes, une marque de vêtements, que j’ai mise en stand-by, et que j’aimerais réactiver. J’aimerais développer d’autres jeux vidéos accessibles, continuer la musique et le stand-up.
Côté sport, je me verrais bien faire du conseil en gestion de carrière, pour pouvoir faire bénéficier de mon expérience à d’autres athlètes. J’ai également des idées pour rendre accessible le basket aux déficients visuels.
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