En sprint sur les pistes, dans les studios ou derrière la création d’un jeu vidéo, Timothée ADOLPHE n’a qu’une idée en tête : atteindre l’excellence. Vainqueur du bronze lors des Championnats du monde de para athlétisme avec Jeffrey LAMI en 400m et Charles Renard en 100m catégorie T11, il s’est imposé comme un sérieux concurrent avant Paris 2024. Avec comme objectif la conquête des toits de l’Olympe, c’est avec lucidité et sincérité qu’il s’est livré.

Pourquoi l’athlétisme ? Qu’est-ce que ce sport vous a apporté humainement et professionnellement ?

Petit, j’étais une vraie pile électrique et j’étais fan de vitesse ! De nombreux sports me refusaient à cause de mon handicap. L’athlétisme a été le seul à m’ouvrir les bras. Ils n’avaient aucune idée de comment faire, mais ils ont fait en sorte que je puisse pratiquer comme les autres. A l’époque, j’étais meilleur en saut en longueur. J’ai trouvé dans le sprint cette sensation de liberté que je n’ai trouvée dans aucune autre discipline.

Je pense que le sport m’a permis d’être plus rigoureux et de développer mon leadership. Cela me permet aussi de relativiser les choses. L’athlétisme me demande également de prendre plus de recul pour éviter de faire les mêmes erreurs. Le sport demande aussi de gérer les situations de crise. Mais toutes ces choses, je les dois à mes entraîneurs et guides. Arthémon HATUNGIMANA, est l’entraîneur qui m’a suivi à mes débuts. Je menais un peu une vie d’artiste, je dormais de 5 h du matin à 13 h en pensant que c’était bon, j’avais fait mes 8 h de sommeil. C’est lui qui m’a recadré. Ce sont aussi ces rencontres qui me font mûrir.

Parmi ces rencontres : vos guides. Que vous apportent-ils au quotidien ?

Il faut savoir qu’il y a très peu de guides en France aptes à accompagner des athlètes en compétition. Et si 2024 est pour beaucoup d’athlètes l’arrivée, pour moi, ce n’est que le départ. Le départ vers de nouvelles choses, par exemple, la reconnaissance professionnelle du statut de guide. Avant 2012, ils n’étaient même pas médaillés avec leur athlète. Ce que je ne comprends pas. Ils courent avec nous. C’est une relation donnant-donnant, on se permet mutuellement de briller au haut niveau.

Aujourd’hui, ils ne sont pas rémunérés pour leur activité, alors qu’avec les entraînements, etc. ça peut être compliqué de travailler à côté. Je suis le seul para sprinteur Français à rémunérer ses guides. J’en ai 3 de compétition : Jeffrey LAMI, Charles RENARD et Bruno NAPRIX. Pour moi, c’est important qu’ils soient reconnus, car c’est grâce à eux que l’on peut courir. La relation que l’on a avec son guide est une symbiose. On doit être mutuellement à l’écoute des émotions et des sensations de l’autre. Ça demande de la confiance et du lâcher-prise. Au-delà de l’aspect sportif, humainement, des liens se créent avec nos guides.

 

Il témoigne !

Selon vous, quelle différence existe entre le quotidien d’un athlète valide et d’un para athlète ?

En réalité, il n’y a pas tant de différences que ça. Les disciplines sont les mêmes, à quelques exceptions près, comme le sprint fauteuil. En athlétisme, il y a rarement des sprinteurs qui font du fond, les athlètes vont se spécialiser, alors que dans le para athlétisme, on peut avoir cette double-casquette. Les para athlètes doivent apprendre à utiliser des qualités différentes. Par exemple, avec les lames où la vitesse va être gérée différemment.

Il n’y a pas la même densité dans les sports et les para sports en termes de ressources d’athlètes. C’est peut-être pour ça que des athlètes peuvent plus facilement passer d’une discipline à une autre. Dans certaines catégories, il n’y a pas de séries, on passe directement en finale. Ca peut être plus facile d’y performer. En sprint, on est l’une des rares disciplines où l’on passe par des séries, des demies-finales et une finale.

L’autre facteur à prendre en compte est le handicap de l’athlète, qui lui permet de rentrer dans une ou dans une autre catégorie. Si en théorie la catégorie T11, est pour les non-voyants, de nombreux malvoyants y concourent. Et là ça montre la double problématique du para athlétisme. Il y a le dopage comme dans le sport valide et la classification. Certains para coureurs s’entraînent seuls, mais courent avec leur guide. Ça peut les avantager de courir en présence de non-voyants.

Vous faites du rap, du stand-up, un jeu vidéo, du sprint… ce n’est pas trop compliqué d’allier toutes ces vies à votre carrière sportive ? Envisagez-vous la retraite ?

Tout est une question d’organisation. Je me consacre à différents projets selon les périodes. Par exemple, pour le jeu vidéo, j’ai pris 3 ans avant de le sortir. Mais c’est toujours l’athlétisme qui prime. Il y a des périodes où c’est plus complexe niveau organisation, mais ça passe toujours.

Aujourd’hui, je pense être dans la 2e phase de ma carrière. Mais je ne ferai pas la compétition de trop. Je continuerai tant que j’aurai des chances de médailles. Le jour où je sentirai que je ne pourrai pas revenir avec une médaille d’une compétition, je poserai les pointes (ndlr : chaussures de sprint). C’est une question de respect vis-à-vis de ma carrière et du maillot de l’équipe de France. Je n’irai jamais en compétition pour faire figuration. J’aurais essayé d’avoir le plus beau palmarès. Je ne me vois pas à 50 ans sur les pistes. Je m’arrêterai quand je n’aurai plus la motivation. J’ai bien trop de projets dans ma vie pour perdre du temps.

A l’issue de Paris 2024, Timothée ADOLPHE espère des « jeux réussis » où il veut « battre à la loyale » ses adversaires. En attendant, c’est une saison intense qui l’attend avant les Jeux qui se dérouleront dans le mythique stade de France. Avec ses projets plein la tête et sa motivation plein les jambes, nul doute qu’il sera un adversaire de taille sur les pistes. Nous sommes impatients de suivre cet athlète ! Et vous ? Venez en discuter sur nos réseaux sociaux ! 

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