Tous les mois, notre série « Travailler avec un collègue en situation de handicap » se penche sur un état de santé posant parfois problème au travail. Comment contourner ces freins au bon fonctionnement d’une équipe ? C’est ce que nous tenterons de découvrir aujourd’hui au sujet de la déficience auditive.

Si Talentéo insiste sur le fait que handicap et emploi sont compatibles, il faut surtout comprendre que le handicap est une différence comme une autre. Comme chaque particularité, il faut en parler, se comprendre, s’appuyer sur les éléments positifs et compenser les éléments négatifs pour avancer dans le bon sens.

Le handicap est en effet un simple ensemble de symptômes qui posent problème (ou non) dans un contexte donné. C’est pour cela qu’on parle de situation de handicap. Travailler avec une personne déficiente auditive ne sera donc pas identique selon les cas. Ici, nous avons tenté de recenser les traits les plus communs de la maladie, pour que chacun puisse mettre du sien dans la relation de travail. Comprendre, c’est déjà changer les choses. Ce mois-ci, Alexandra, Coralie et Denise, 3 personnes malentendantes, et Bernard, un proche de malentendant, ont accepté de témoigner.

Le handicap et la déficience auditive : savoir de quoi on parle objectivement

Il y aurait 5 millions de déficients auditifs en France. Il est impossible d’avoir des chiffres parfaitement justes sur cette déficience sensorielle. Cela montre le manque de reconnaissance de ce handicap, souvent invisible. En effet, beaucoup de personnes ne mesurent jamais leur niveau d’audition.

Il existe plusieurs niveaux de déficience auditive :

 

  • profonde, avec une perte d’audition supérieure à 90 décibels. Parmi les personnes atteintes de cette déficience, 2 tiers pratiquent la LSF, la Langue des Signes Française.
  • sévère, avec une perte d’audition entre 70 et 90 décibels.
  • moyenne, avec une perte d’audition entre 40 et 70 décibels.
  • légère, avec une perte d’audition entre 20 et 40 décibels.

En France, il y a environ 300 000 sourds profonds. La moitié des déficients auditifs auraient une déficience auditive légère. Les hommes sont plus touchés que les femmes, notamment à cause de leur univers de travail bruyant. Moins d’un déficient auditif sur 10 utilise une ou plusieurs aides auditives.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les personnes âgées sont loin d’être les seules personnes touchées par cette déficience : 40 % ont moins de 55 ans. Si certaines naissent malentendantes ou sourdes, la plupart du temps la perte auditive a lieu au cours de la vie.

Saviez-vous que Beethoven avait perdu l’ouïe durant sa carrière musicale, le sens le plus important à ses yeux ? Ce n’est pas le seul compositeur ayant perdu une partie de ce sens : c’est également le cas de Gabriel Fauré. Parmi les personnes célèbres, les politiciens sont souvent, au cours de leur carrière, confrontés à une perte de leur audition, comme Winston Churchill et Jacques Chirac.

Déficience auditive : les symptômes

La déficience auditive étant différente d’une personne à l’autre, on ne se rend pas toujours compte de la difficulté qu’elle entraîne. D’après les quatre témoignages de Talentéo, la personne malentendante a tendance à avoir du mal à garder son attention durant une longue durée. Comme elle doit se concentrer en permanence pour les échanges verbaux, la fatigue se ressent plus facilement.
C’est donc sur le plan relationnel que la communication fonctionne différemment. Dans l’échange, il faut veiller à ce que la compréhension soit totale. La plupart des malentendants « lisent sur les lèvres ». La clarté des propos échangés permettent de garder une communication de qualité.

Déficience auditive et vie professionnelle

D’après nos témoignages, les personnes malentendantes sont tout autant efficaces que les autres dans leur travail. L’essentiel est avant tout d’informer l’employeur et les collègues pour qu’ils puissent prendre en compte cette spécificité. En effet, des aménagements peuvent être mis en place.

 

  • Préférer l’envoi d’e-mails aux appels téléphoniques
  • Etre clair lors des réunions, où chacun prend la paroles distinctement
  • Etre face à la personne malentendante et articuler
  • Penser au langage non verbal qui en dit plus qu’on ne le pense : les gestes, la posture…

La connaissance du handicap est essentielle pour faciliter la communication. Nos témoins considèrent qu’ainsi, les échanges entre collègues seront facilités. En parler, lors de réunions ou d’ateliers permet de répondre aux questions éventuelles. Bernard considère que parler du handicap permet de connaître l’adaptation nécessaire et valorise la bonne entente entre collègues. Pour Denise, en parler doit être constructif, comme lorsque l’on cherche à résoudre un problème.

Afin que la communication puisse avoir lieu sans problème, il peut parfois être nécessaire de se faire aider par un interprète en langues des signes. Cette contrainte est parfois mal perçue dans une entreprise, pourtant elle est synonyme d’intégration sur le marché de l’emploi. Il faut aussi prendre en compte le fait que l’apprentissage d’une langue étrangère est plus difficile. Si Denise maîtrise l’anglais écrit, elle a du mal à le parler.

Combattre les stéréotypes autour du handicap pour mieux travailler ensemble

Difficile de s’intégrer si on est mis au bord lors des réunions ou à la pause-café. La connaissance du handicap permet aussi de veiller à garder la qualité de communication. Cela suppose des collègues avertis et sensibilisés : une déficience sensorielle peut ne pas se remarquer. Alexandra se rend souvent compte que son handicap est très vite oublié.

La compréhension peut être un frein. Denise et Bernard remarquent que la répétition d’une phrase s’apparente souvent à un manque d’intelligence. Celui qui n’entend pas serait alors celui qui ne comprend pas et serait incompétent. « Tu n’arriveras pas à tout faire parce que tu ne comprendras pas », de quoi être mis de côté si on manque de patience ou d’ouverture d’esprit. Pourtant, techniquement, la performance d’un salarié ne dépend en rien à son audition.

Capables autrement, des solutions pour toutes les entreprises !

Pour Alexandra, son handicap rend, au départ, l’intégration difficile, car il ne se voit pas. Pourtant, comme les handicaps invisibles, il faut le prendre en compte. Bernard voudrait que les entreprises comprennent que la déficience auditive n’est pas corrélée à l’aptitude intellectuelle.

Pour Corine et Denise, les déficients auditifs sont capables autrement : un sens déficient en révèle un autre. Denise fait de sa faiblesse une force. Elle compte sur son intuition, qui lui permet de deviner les choses et ressentir les situations comme personne. De sa bataille quotidienne, elle en tire « une force de caractère, une façon d’être dont on peut tirer profit au travail ».

 

Vous êtes atteint(e) d’une déficience auditive et vous travaillez ? Votre collègue ou collaborateur en est atteint(e) ? Vous vous demandez si c’est le cas et voulez en parler ? Rendez-vous sur les réseaux sociaux.

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