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Vous le savez sur talenteo.fr nous aimons donner la parole aux #talenTH, toutes ces personnes qui chaque jour réalisent leurs rêves et dépassent leurs limites ! Nous sommes allés à la rencontre d’Alice Angosto, une jeune femme de 33 ans devenue Premère Dauphine Miss Handi France 2015.

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours ?

Je m’appelle Alice Angosto, j’ai 33 ans et je viens de Rennes. J’ai passé une bonne partie de mon existence à me demander ce que je ferai de ma vie. Ce que je deviendrai. Ce que je pourrai apporter aux autres. Rester chez moi les bras croisés, je n’y arrive pas. Mais quand on est seul, on ne sait pas comment faire, ni par où commencer. J’ai un BAC général ES, un CAP petit enfance, une licence de psychologie, et une formation de naturopathie. Pour tout vous dire, j’ai même fait la faculté de droit, pour être notaire, mais mon handicap m’a fait baisser les bras à l’époque… Parfois je me demande où cela va me mener. Vais-je encore être face à un mur malgré mes diplômes ? Pourquoi ? Parce que je suis malentendante à plus de 80 %, presque 90 % maintenant. L’implant reste mon seul espoir car mon audition continue de chuter d’année en année, la finalité, je la connais déjà.

Mon handicap est donc la surdité, mais cela n’inclut pas seulement de ne pas entendre. Cela comprend la fatigue (à force d’essayer d’écouter), des maux de tête (à force de se concentrer), des acouphènes (des bruits incessants nuits et jours qui m’empêchent en prime de bien entendre les sons) et de l’hyperacousie (une hypersensibilité aux sons trop forts). Et pour finir des pertes d’équilibre dues au dysfonctionnement de l’oreille interne. Tout ceci faisant que parfois je reste dans mon coin pour récupérer un peu, pour m’isoler. Et au final, les gens me jugent comme une « prétentieuse qui regarde de haut, qui s’en fiche et ne répond pas, qui n’en vaut pas la peine »…. Alors qu’il suffit de faire un pas vers moi, de prendre la peine de me parler en face, de répéter, d’articuler, pour que je puisse alors répondre !

J’ai fait ma scolarité sans en parler aux professeurs, ils ont découvert cela l’année du bac où j’ai demandé le tiers temps à l’oral pour problème d’audition (pour que l’examinateur puisse me répéter chaque question). J’ai toujours essayé de cacher cet handicap par peur des jugements des autres et aussi parce que je ne l’acceptais pas.  Puis j’ai fait la connaissance de Grégory Lemarchal. Ce fut un tournant de ma vie. J’ai pris la claque de ma vie, et j’ai décidé de forcer le destin. Même si je n’entendais pas, j’ai décidé que je ferai comme je le voudrais, entendante ou non.

Comment s’est passée votre évolution dans le monde scolaire et professionnel par rapport à votre handicap ?

A mes 6 ans, du jour au lendemain, j’ai perdu une grande partie de mon audition sur les 2 oreilles, on ne sait pas pourquoi et on le saura sûrement jamais. Les années ont passé, l’ORL disait que tant que je suivais à l’école, ce n’était pas nécessaire d’être appareillée. Grande erreur ! J’étais juste épuisée, au bout du rouleau, souffrant de maux de tête à répétition, et en prime j’avais développé seule la lecture labiale ( ndlr : lecture sur les lèvres ). A ce moment-là, on m’a enfin appareillée… j’avais 13/14 ans. A cette époque les prothèses auditives permettaient de rattraper ce qu’il me manquait. Ce fut alors le jour et la nuit. J’étais beaucoup moins fatiguée et pouvais suivre plus facilement. Mais le regard des gens, lui, a continué  d’évoluer. Surtout chez les enfants, les pré-ados, et les adolescents, c’est violent ! On m’appelait « Robocop » à cause de mon appareillage auditif. Je me suis faite toute seule, en silence, dans mon coin car on ne cherchait pas à me connaître, ni à me comprendre. J’ai créé ma bulle.

J’ai fait un CAP Petite enfance car les enfants viennent souvent spontanément vers moi, mais parfois je ne les comprends pas… j’ai fait mon stage, j’ai validé mon diplôme haut la main et on m’a ensuite fait comprendre que tout cela avait été en vain car je n’entends pas, et donc que je ne suis pas apte à ce genre de travail. J’ai deux enfants et jamais il y a eu un souci de sécurité ou autres… Mais non, je n’étais pas apte à m’occuper d’enfants, comme si je n’étais pas apte à m’occuper des miens ! J’ai subi un gros coup de déprime puis j’ai décidé de rebondir, de ne pas me laisser abattre, je n’avais pas le droit. J’ai fait un gros travail sur moi-même pour accepter d’apprendre la langue des signes… ce qui voulait dire basculer dans un monde que je ne connaissais pas du tout.

Parallèlement, j’ai repris mes études à la faculté de psychologie que j’ai validé cette année. Mais comme le système de sélection pour un emploi, ne permet pas de mettre en avant le handicap, c’est-à-dire que c’est une difficultés pour l’employeur, surtout quand il s’agit d’un handicap sensoriel (je ne peux pas répondre au téléphone par exemple),  je viens de me tourner vers une formation à distance de naturopathie. Je pourrai travailler à mon compte, sans patron, sans devoir rien a personne. A un moment, on ne peut compter que sur soi même pour avancer.

Vous souhaitez apporter un autre regarde sur le handicap et vous vous êtes lancée dans l’aventure des Miss. Comment s’est déroulé ce concours ?

J’ai découvert que par la photographie je pouvais faire passer des messages sans avoir à parler ou à entendre. J’ai découvert un moyen de m’exprimer d’être moi, vraie, entière, à 100 %. Durant un an, je faisais un shooting par semaine environ avec des photographes de tout horizon. Je me suis lancée dedans sans rien y connaître de ce milieu, ni personne. De rencontre en rencontre – en faisant attention – j’ai appris, j’ai échangé, j’ai évolué et j’ai donné autant que l’on m’a donné. J’ai vu les gens me suivre de plus en plus, me soutenir et me dire de continuer. J’avais trouvé une partie de ma voie.

Par hasard, J’ai eu connaissance du concours de Miss Handi France et j’ai décidé de participer à l’aventure. J’ai réquisitionné mes troupes, mes fans de mes photos, mes amis, ma famille pour venir me soutenir, même ma ville et j’ai été élu le 9 mai 2015 à Questembert. J’ai donné le meilleur de moi même en expliquant mon histoire, mon parcours, et mes envies et également mon combat pour les handicap invisibles et pour l’association Gregory Lemarchal.

Une petite anecdote, pendant la finale, ils se sont trompés dans l’ordre des gagnantes. Ils ont d’abord appelé ma première dauphine et comme j’ai des difficultés à comprendre quand on parle avec un micro, je pensais que c’était elle qui avait gagné. Je suis restée comme une idiote au milieu de la scène… jusqu’à que je vois la couronne venir vers moi. J’ai compris que tout ce que j’avais fait n’était pas en vain ! J’avais réussi ! ! Les seuls mots qui résonnaient dans ma tête étaient « j’ai réussi ».

Quelles ont été les réussites et les difficultés rencontrées ?

Lors du concours en lui même il n’y a pas eu de difficultés car cela se résume a un passage sur scène uniquement, on ne se voit qu’une journée avec les concurrentes. Je me suis donnée à 2000 % pour faire passer mon message : il faut toujours croire en soi et ne jamais baisser les bras.

Mes réussites sont l’ensemble de sourires que je récolte à chaque conférence que je fais, à chaque discours que j’ai pu faire. Ce sont les gens qui viennent me voir, pour me dire merci, ceux qui pleurent de soulagement et qui lâchent prise car mes paroles sont celles qu’ils n’ont jamais dites et qui se sentent alors moins seul. Faire changer les mentalités, c’est ma plus belle réussite. Je n’écris jamais mes discours, c’est avec le feeling, et à chaque fois, le public est incroyable. Moi, je me sens d’une nullité catastrophique, mais en fait pas du tout, on dit que je suis solaire quand je parle. C’est un de mes plus beaux compliments qu’on ait pu me faire.

Avec mon parcours je veux montrer qu’on peut y arriver même avec un handicap ! Etre égérie de marque cosmétiques, ou de vêtement le temps d’un instant, aller sur les plateaux TV et participer à des émissions, être marraine d’un parc animalier, d’une association.. toutes ces choses sont réalisables ! Avec un peu d’adaptation, et malgré un handicap, on peut TOUT FAIRE.

En ce qui concerne mes difficultés, la principale vient du fait que mon handicap soit invisible. L’image du handicap en fauteuil est encore très présente !  J’ai le souvenir d’un journaliste qui avait publié un article sur un defilé à Paris que et qui mettait en valeur les personnes valides et invalides. Il avait choisi de mettre en avant les personnes « invalides » en ne prenant que les personnes en fauteuil roulant, ou avec un handicap physique. Je lui ai écrit pour lui demander pourquoi car le but était quand même de montrer le panel des différents handicaps. Sa réponse a été la suivante « photographiquement vous n’apportez rien comme message… ». Ce fut une de mes belles claques de ces dernières années.

Quels sont vos prochains projets ?

La liste est longue ! Mais je souhaite continuer à faire connaître l’Oreille blanche et la distribuer gratuitement à ceux qui la demande. Un autre projet qui me tient à coeur et la sensibilisation sur le handicap invisible, et les répercussion que cela a notamment dans le milieu scolaire. En parallèle, je poursuis la promotion du livre « Au fil de nos vies » pour trouver un éditeur. Nous sommes beaucoup de personnalités dedans . En n’en citant qu’une je dirai ADDA ABDELLI que j’apprécie beaucoup. Ce livre regroupe des portraits de personnes ayant des handicap, mais qui passent au dessus pour vivre la vie qu’ils veulent. On m’a proposé d’écrire un livre sur mon parcours… je réfléchi encore.. je me trouve toujours aussi banale et insignifiante ( Rires ) mais si cela peut faire bouger les choses, et surtout aider,  je signe tout de suite !

De nombreux défilés m’attendent avec l’association « Les élégantes courbes » qui mettent en valeur la femme telle qu’elle soit. Peut-être une nouvelle aventure miss, pour montrer que le handicap n’est pas un frein mais je n’en dirai pas plus pour le moment (Rires) –

Je défend beaucoup les inégalités. Le handicap en fait parti, surtout le handicap invisible, mais depuis quelques temps, je sors un peu de la bulle du handicap pour défendre aussi d’autres valeurs importantes comme l’acceptation de soi, et le droit « d’être soi » dans son intégralité et son intégrité. Il y a beaucoup trop de haine, de violences faites encore… des suicides chez les jeunes etc… cela doit cesser. On doit pouvoir avoir le droit d’être ce qu’on est.. Rien que moi avec mon handicap au collège, j’aurai pu aussi lâcher prise… mais j’ai préféré continuer a avancer, même seule… mais pour beaucoup, c’est compliqué, et c’est impossible. Il faut leur faire comprendre qu’ils/elles ne sont pas seul(e)s

Si je participe à une nouvelle aventure de miss, je pense que je partirai dans ce combat en plus des handicaps. Je ne suis pas que représentatif d’un handicap, j’ai fini par accepter celle que je suis, et je ne peux rester bloquer la dessus. La finalité reste la même : « changer les mentalités » ;)

Quel message souhaitez-vous passer à nos lecteurs/lectrices ?

Il faut croire que la vie peut changer, que ce n’est pas parce qu’on a des chaînes accrochées aux pieds qu’on ne peut pas avancer, qu’il est possible de croire en ses rêves et les réaliser, qu’il faut se surpasser . NE JAMAIS RIEN LACHER ! ! ! Si vous tombez aujourd’hui, dites vous que demain vous vous relèverez encore plus fort. Vous êtes seul maître de votre vie. Vous n’en avez qu’une ! A vous de la vivre comme vous la souhaiter, avec vos rêves, et vos envies. Personnes n’a le droit de choisir pour vous. La vie réserve des surprises et surtout surtout il ne faut jamais douter de soi et toujours croire en soi. Vous avez plus de valeurs que vous ne le penser.

 

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crédits photos : ©alice angosto

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