Tous les vendredis du mois de Janvier et Février, Talentéo vous emmène à la découverte des gagnants des Talentéo Awards 2019. Ouverture du bal aujourd’hui avec Fouzia, gagnante du prix graphique avec son initiative Zellipark ! L’objectif ? Se servir de l’art pour embellir les places PMR (Personnes à Mobilité Réduite), mais surtout sensibiliser au respect de ces dernières.
Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours ?
Je m’appelle Fouzia j’ai 51 ans, je vis dans le Tarn et je suis artiste plasticienne. Franco-algérienne, j’ai immigré en France à l’âge de 9 ans. Je souligne ce passage de ma vie parce qu’il influence aujourd’hui mon travail d’artiste. Cette double culture transparait dans beaucoup de mes œuvres.
J’ai fait des études dans la mode et la couture. J’ai travaillé dans ce domaine quelques années en France et à l’étranger. Cela m’a permis de découvrir et de m’initier à différentes techniques artistiques. Cet intérêt pour les arts plastiques me suit tout au long de mon parcours de vie et professionnel. J’ai toujours utilisé l’art comme moyen d’expression et comme outil de travail auprès de différents publics avec lesquels j’ai été amené à travailler.
Quelques années plus tard, je suis repartie sur les bancs de l’école pour me former au métier d’éducatrice. J’ai utilisé, comme outil de travail, mon savoir-faire artistique tout au long de ma carrière en tant qu’éducatrice auprès de différents publics en situation de handicap. C’est à travers cette expérience que j’ai pu réellement me rendre compte de ce qu’était leur quotidien. C’est ce qui m’a motivé à réfléchir pour voir ce que je pouvais faire en tant qu’artiste pour faire changer le regard sur le handicap. Le projet Zellipark est donc né de cette réflexion.
Pourquoi avoir décidé de participer aux Talenteo Awards ?
Je suis Talentéo sur les réseaux sociaux parce que ce media communique autour de beaucoup de sujets concernant le handicap. Je suis curieuse de voir tout ce qui existe et se fait dans
ce domaine. J’adore la devise Talentéo « nous sommes différents, vous allez aimer ça ». Cette positivité fait partie de ma manière d’appréhender les choses de la vie.
Si j’ai participé aux Talentéo Awards, c’est parce que je suis convaincue que plus on parle des places PMR (personnes à mobilité réduite) plus cela rappellera au public leur utilité et l’importance de respecter ces places réservées.
Que retenez-vous de cette expérience ?
Cette expérience m’aura fait découvrir le travail extraordinaire des différents participants. De voir, encore une fois pendant les votes, l’énergie mise en œuvre des personnes qui me suivent et m’encouragent. La récompense par le jury Talentéo a été pour moi une belle surprise. Merci encore pour ce prix graphique, c’est une belle reconnaissance. Cela me motive pour aller encore plus loin avec le projet Zellipark.
Pouvez-vous nous présenter votre initiative Zellipark ?
Le projet « Zellipark » est de créer une œuvre artistique en peignant à l’aide de pochoirs, à la bombe de peinture de marquage au sol, des motifs d’inspiration « zelliges » sur les places de parking réservées aux personnes en situation de handicap. Les motifs entourant le personnage en fauteuil roulant, représenté sur les places.
J’ai créé ce projet il y a deux ans, suite à mon expérience professionnelle dans l’accompagnement de personnes en situation de handicap. J’ai été confrontée, à de nombreuses reprises, au fait de ne pas pouvoir me garer sur une place de stationnement pour personnes handicapées lorsque je véhiculais les résidents. L’occupation illégale de cet espace réservé m’a révoltée. De ce constat, j’en suis donc venu à me demander comment interpeller le grand public pour éviter la banalisation de cet acte ?
Il existe, certes, des moyens légaux et réglementaires de remédier à cela, mais mon projet vise à faire réfléchir la population sur cette situation en les interpellant grâce à l’art.
Ma volonté est de sensibiliser et interpeller le public sur ces places réservées. Je souhaite que les gens portent un nouveau regard sur ces aménagements réalisés depuis plusieurs années. Il est important que ces espaces soient de nouveaux respectés et non plus banalisés.
Cette démarche ne vise en aucun cas à donner des leçons, elle n’a pas de caractère revendicatif, elle s’opère simplement sur le plan artistique et citoyen afin de redonner de l’attention à ces lieux.
A quelle étape en êtes-vous ?
A ce jour j’ai réalisé plusieurs Zellipark dans le Tarn, à Toulouse et Montpellier. Je travaille en partenariat avec l’APF France Handicap. Avant la réalisation d’un Zellipark avec un public, je présente le projet lors d’une réunion de présentation où l’APF m’accompagne pour sensibiliser au handicap et témoigner de l’impact du non-respect de ces places.
Pour le plus grand nombre de mes réalisations, je les ai faites en collaboration avec différents publics de tous âges. Ainsi, j’ai pu peindre avec des personnes en situation de handicap, des jeunes de maisons du quartier, avec des habitants de quartier. Ils souhaitaient participer à cette initiative, des étudiants en université, ou encore des collégiens dans le cadre d’un projet citoyen.
C’est enrichissant de savoir qu’après mon départ, les personnes qui ont participé à ces réalisations, continuent de diffuser le message, et vulgarisent l’intérêt de respecter ces places.
Je continue encore aujourd’hui de développer ce projet dans de nouvelles communes ainsi qu’auprès de nouveaux organismes.
Quelles difficultés avez-vous pu rencontrer et comment les avez-vous surmontées ?
Ce concept, que j’ai complètement inventé, est nouveau. J’ai conscience qu’il faudra du temps pour que l’on s’habitue à ce nouveau type de marquage des places PMR.
Une de mes difficultés à mettre en œuvre ce projet, est de convaincre les municipalités d’adhérer à mon approche. Pour faire aboutir mes réalisations je dois identifier et rencontrer les personnes sensibilisées, au sein du conseil municipal, qui elles pourront porter mon projet à la connaissance des élus locaux.
Peindre en plus un Zellipark sur une place PMR déjà existante, ne motive pas toujours les propriétaires de ces places, même si souvent ces places sont peintes tout en bleu.
J’essaie d’expliquer les points positifs d’avoir une œuvre d’art sur ces places. Au-delà de la dimension citoyenne, l’embellissement est aussi un critère déterminant. Les objectifs sont de deux types. D’une part attirer l’attention du public avec une œuvre colorée. D’autre part amener les passants à se questionner sur le sens de cette œuvre au sol.
Quel message souhaiteriez-vous passer aux lecteurs ?
Mon intention première est de faire prendre conscience au public que chacun, à son niveau, peut agir. En tant que citoyen averti et participer ainsi à l’amélioration du quotidien des personnes en situation de handicap.
A travers la pratique du street-art, la population est amenée à faire un acte citoyen en participant à la création d’une œuvre. Au-delà d’être artistique, elle a aussi une vocation sociale. C’est cette notion d’art au service du lien social qui me tient particulièrement à cœur.
Cette initiative vous a plu ? N’hésitez pas à la faire connaitre en partageant cet article autour de vous ! Pour continuer à suivre Fouzia et son projet Zellipark, rendez-vous sur sa page Facebook et sur talenteo.fr !
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