Nous continuons nos « chroniques d’une recherche d’emploi ratée » ! Nous vous proposons aujourd’hui un épisode centré sur les comportements à ne surtout pas adopter pour réussir un entretien de recrutement. Rendez-vous dans 2 semaines pour le dernier volet !
Votre téléphone mobile sonne. En maugréant, vous prenez une dernière bouchée de votre sandwich, baissez légèrement le volume de la télévision, puis décrochez. Votre interlocuteur, chargé de recrutement pour une des nombreuses entreprises où vous avez postulé vous propose un entretien. Contenant à grand peine votre enthousiasme, vous décidez de la date et de l’heure puis de mettre fin à la conversation.
La veille, stressé, vous décidez de sortir boire un verre ou deux. Rien de mieux, selon vous, que l’alcool pour se détendre et aborder sereinement un entretien d’embauche. Et puis, vous vous connaissez, vous n’avez besoin de que quelques heures de sommeil pour être d’attaque.
Vous vous réveillez le jour de l’entretien avec la bouche pâteuse et une migraine carabinée. Vous mettez cela sur le compte d’une intoxication alimentaire. Pas de temps à perdre, pour vous requinquer, votre avalez 2 Guronsan, 1 litre de café et 1 gramme d’aspirine.
Oscillant entre hystérie, frénésie et coma, vous abordez la question de la tenue vestimentaire : Costume trois-pièces ou approche plus décontractée ? Ne retrouvant que 2 des 3 pièces en questions, vous optez pour un style « relaxed » – l’anglais c’est vraiment fantastique – composé d’un jean délavé, d’un T-shirt barré d’un « Punks Not Dead » et d’une chemise bleu marine. L’important est que le recruteur se souvienne de vous et de montrer que vous n’avez pas peur de l’originalité. Vous hésitez à vous passer un coup de peigne. Après tout, vos épis combinés à vos cernes collent parfaitement avec le profil du cadre en surmenage : s’identifier à son futur poste est essentiel !
Vous arrivez avec 20 minutes de retard sur le lieu de votre entretien. Qui aurait pu savoir qu’il est difficile de circuler en voiture dans une grande agglomération ? Le recruteur accepte tout de même de vous recevoir – Quel chouette type. Vous manquez lui briser les phalanges tant votre poignée de main est énergique mais ne vous en formalisez pas : vous devez montrer que vous êtes un candidat alpha. Pour vous déculpabiliser de votre retard et pour montrer que l’humour est une de vos qualités vous commencez par « Pas facile de se garer vers chez vous » et « Le bâtiment pourrait être mieux indiqué, j’ai failli me perdre ». Votre interlocuteur ne sourit pas. Vous attribuez cela à une timidité de sa part.
L’entretien commence et vous vous efforcez de répondre au mieux à ses questions. Vous êtes un peu désarmé par la question « Où vous voyez-vous dans 10 ans ? » Comment pourriez-vous savoir ou vous serez le 2 mars 2025 ? Pour ne rien laisser paraître et montrer à votre recruteur que vous avez du répondant, vous rétorquez « Et vous ? ». Gagné, il en reste là et passe à une autre question. Rassuré, vous faîtes preuve d’une confiance nouvelle. « Quels sont vos défauts ? » Celle-là vous la connaissez : Il s’agit de donner des défauts qui sont en fait des qualités. Vous choisissez donc : perfectionniste, ambitieux et rigoureux.
Au fil de l’entretien, vous vous rappelez in extremis qu’il faut vous projeter dans votre futur emploi. Vous commencez donc à agrémenter vos réponses d’éléments de vocabulaire soigneusement choisis : Indeed, feedback, target… Vous « switchez avec ease » entre toutes ces notions. Vous remarquez le haussement de sourcil interrogateur du recruteur : La première chose que vous ferez lorsque vous décrocherez le poste sera de lui donner un cours de novlangue.
Au moment de mettre fin à l’échange, le recours au vouvoiement vous parait lourd et inapproprié. Ni une ni deux, vous basculez sur le tutoiement et appelez votre interlocuteur par son prénom. Rien de plus naturel pour un futur collègue, n’est-ce- pas ?
En quittant la salle, vous tapez sur l’épaule du recruteur en lui souhaitant un bon weekend, « A très bientôt, See you » sont vos derniers mots. Vous rentrez chez vous sûr de votre performance. Avant de vous affaler sur votre canapé devant une rediffusion de McGyver, vous vous promettez d’envoyer un email de remerciement au recruteur que vous avez rencontré. L’épisode commence, ce sera pour plus tard, sans faute…
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Il témoigne !
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