Un palmarès sportif à faire pâlir, un défi à la vie, José Letartre n’est pas le plus connu des cavaliers handisport français, voire internationaux, sans raison. Champion du Monde de Dressage Handisport, 2 fois Champion d’Europe, 6 titres de Champion de France, 3ème par équipe aux Paralympiques d’Atlanta, 5ème aux paralympiques d’Athènes, 6ème à ceux de Londres et de Rio ; Talenteo est allé à la rencontre de cet homme hors du commun. Focus sur un talent qui concilie avec succès vie sportive et emploi !

 

José, votre démarrage dans la vie n’a pas été des plus faciles.

Rencontre avec José Letartre, un cavalier pas comme les autres!Je suis né dans les bidonvilles de Caracas (ndlr : au Venezuela), de père inconnu, avec des pieds mal formés à 2 hauteurs différentes à cause d’un médicament : la talédomine. J’ai tout de même eu de la chance dans mon malheur car j’ai conservé mes 2 genoux !

Des Sœurs de Charité faisaient le tour des bidonvilles, et aux vues de mon état, elles ont conseillé à ma mère de m’abandonner. J’avais 2 ans. Dans l’orphelinat où j’ai été placé, des chercheurs américains testaient des prothèses de contact uniques au monde, tenues par les muscles pour les soldats qui revenaient du Vietnam. C’était une chance pour moi qui m’a permis d’être opéré !
A 5 ans, je suis parti pour la France avec une dizaine d’autres enfants pour être adopté.

Pourquoi avoir choisi l’équitation ?

Je devais être adopté par une famille d’Ile de France, ça ne s’est pas fait et je me suis retrouvé en attente dans le Lot, dans la famille Letartre. Ils avaient des chevaux de course et de randonnée !

Je suis d’abord monté en Endurance, d’ailleurs mon demi-frère est Champion d’Europe, mais aussi en Hunter, Concours Complet, Saut d’Obstacles et Dressage.

Vous êtes Athlète de Haut Niveau en Dressage, seule discipline handisport fédérale, mais vous montez également en saut d’obstacles chez les valides.

J’aime le saut d’obstacles, mais les compétitions sont plus compliquées à organiser et plus risquées. Je concoure donc en dressage pour les grosses échéances internationales et en saut d’obstacles sur des épreuves à 1m35 – 1m45 pour mon plaisir. J’ai même gagné 2 puissances (ndlr : concours de saut en hauteur) à 1m80 !

N’est-ce pas trop compliqué de monter en compétitions à haut niveau lorsque l’on est en situation de handicap ?

Mes 2 genoux contrôlent mes prothèses. Je peux les serrer et c’est donc un automatisme. Ce qui est plus difficile, c’est de trouver des chevaux et des sponsors !

En dressage, j’ai le soutien de l’IFCE (ndlr : l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation) qui me confie un cheval pour les grosses échéances internationales. Cependant pour l’obstacle, ce sont des propriétaires privés qui me prêtent leurs chevaux. En clair, mon salaire et une partie de celui de mon amie passent dans les concours. 

Vous êtes compétiteur de Haut Niveau et chauffeur poids lourds à la Mairie de Paris. Comment passe-t-on d’une écurie à la plus grande mairie de France ?

J’ai été palefrenier-soigneur dans de grandes écuries en France et en Allemagne, pour pouvoir monter en compétitions, mais cela n’a pas fonctionné. J’ai ensuite travaillé pendant 6 ans chez Décathlon.

Mon statut de CIP (Convention d’Insertion Professionnelle) me libérait pour les entraînements et les compétitions. Malheureusement ça n’a pas duré : j’étais dans l’avion pour les Jeux paralympiques d’Athènes quand ma lettre de licenciement est arrivée…

A mon retour, lors d’une réception au stade Charlety, j’ai rencontré Madame Komites, responsable des embauches des personnes en situation de handicap pour la Mairie de Paris. Le contact est bien passé et une fois mon permis poids lourds en poche, sans aménagement, j’ai obtenu un poste au service propreté de la ville en 2006.

©FFH D.Echelard

Comment concilier travail, entraînements, compétitions, préparations physiques, soins de santé ?

Je commence mon service à 12h48 et le termine à 20h30. Le matin, je travaille 5 – 6 chevaux dans la Seine et Marne, j’entretiens les 3 écuries. Toutes les 2 semaines, je vais à Saumur à l’IFCE pour préparer mon cheval de dressage. Pour les compétitions, je peux compter sur la souplesse de mon chef de garage pour m’absenter. 

Concernant la préparation physique, elle se fait en montant à cheval et en faisant les boxes ! Je n’ai, hélas, pas le temps d’aller nager ou d’avoir des séances de kinésithérapie, sauf lorsque je peux profiter du kiné de l’équipe de France.

Travailler lorsque l’on est en situation de handicap demande-t-il plus de force ? Des conseils ?

La 1ère chose est d’avoir envie de travailler, la volonté fait tout ! Il faut aussi faire ses preuves pour obtenir légitimement une place. La vie ne s’arrête pas au handicap que ce soit professionnellement ou sportivement.

C’est cette philosophie de vie qui me guide en compétition, tant en handisport qu’en valide. La cerise sur le gâteau serait d’intégrer l’équipe de France de saut d’obstacles avec les valides et de ramener une médaille : c’est mon défi !  Je veux toujours aller plus loin !

Et plus loin, ce devrait être Tryon (USA), en septembre pour les Jeux Equestres Mondiaux. Ses récentes performances placent José en tête de liste des présélectionnés. A 52 ans, il s’était promis d’arrêter après les Jeux de Rio. Mais comment résister aux paralympiades de Tokyo et surtout de Paris en 2024 ?

Vous souhaitez encourager José Letartre ? N’hésitez-pas à partager cet article au plus grand nombre !

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