Talentéo poursuit sa découverte des pathologies touchant le quotidien professionnel avec aujourd’hui un focus sur le cancer du sein. Quels sont les symptômes de cette maladie ? Quelles adaptations professionnelles nécessite-t-elle ? Sophie HOFFMANN, autrice du podcast « My Boob story », a été touchée par un cancer du sein à 34 ans, elle a accepté de répondre à nos questions.

Le cancer du sein

Un cancer du sein résulte d’un dérèglement de certaines cellules qui se multiplient et forment le plus souvent une masse appelée tumeur. Il en existe différents types qui n’évoluent pas de la même manière. Certains évoluent plus rapidement, d’autres plus lentement. Les cellules cancéreuses peuvent rester dans le sein ou migrer ailleurs dans le corps.

Le cancer du sein représenterait 33 % des cancers chez la femme. Grâce à un dépistage, c’est un cancer « de bon pronostique » qui se traite. Alors comment adapter sa vie professionnelle à ces symptômes, à cette pathologie et aux différents traitements ? Comment en parler avec son équipe ? Sophie a accepté de témoigner.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis journaliste et j’ai créé le podcast My Boob story, un journal audio optimiste qui documente tout mon parcours pour soigner mon cancer du sein sur un an, à travers 200 courtes notes vocales. J’ai aussi récemment créé l’association « My Boob story » pour transmettre le maximum d’informations sur le sujet et créer des événements conviviaux.

Quels peuvent être les symptômes d’un cancer du sein ?

Il est très important de souligner qu’il n’y a pas forcément de symptômes. C’est pour ça qu’il est essentiel de faire des examens préventifs par mammographie tous les 2 ans à partir de 50 ans, pris en charge par la sécurité sociale. Ce dépistage permet de détecter une éventuelle anomalie qui ne provoquerait justement pas de symptôme.

L’autopalpation mammaire peut aussi être régulièrement pratiquée à tout âge. Il s’agit d’observer sa poitrine régulièrement pour pouvoir repérer quelque chose d’anormal : une grosseur, un écoulement au niveau du mamelon, un changement d’aspect de la peau type « peau d’orange », un mamelon rétracté par exemple. Tout ce qui parait « bizarre » doit pousser à consulter un médecin, généraliste ou gynécologue au plus vite. Concernant la douleur, il n’y pas de règle, que ça fasse mal ou pas, mieux vaut demander l’avis du médecin.

Qui peut être concerné par cette pathologie et à quel moment de la vie ?

Tout le monde peut être concerné. Les hommes aussi ont une glande mammaire, même si elle est peu développée, le cancer du sein concerne 1 % des hommes. Ils doivent donc eux aussi être attentifs à leur poitrine : la regarder, la toucher, la connaitre pour repérer s’il y a quelque chose d’anormal.

Quand je dis tout le monde, c’est aussi à tout âge, même si la majorité des cancers de sein se déclarent après 50 ans. Il faut rester attentifs et attentives tout au long de sa vie.

Connaissez-vous des personnes célèbres étant concernées ?

J’aurais à cœur de parler d’Angelina JOLIE, qui n’a pas eu de cancer du sein mais qui a fait avancer les mentalités sur le sujet. Comme moi, elle porte une mutation sur le gène BRCA1. C’est-à-dire que dans son ADN, ce gène est altéré, comme abimé. Donc si un cancer se développe au niveau des seins ou des ovaires, le corps n’a pas les armes pour gérer. C’est ce qu’on appelle une prédisposition génétique. Angélina JOLIE a fait parler de sa mutation génétique en 2013 lorsqu’elle a effectué une ablation préventive de ses seins. Elle a été très courageuse de parler publiquement de cette décision très personnelle et elle a permis de sensibiliser beaucoup de monde sur le sujet. On parle même parfois du « gène Angelina JOLIE » !

Il y a également Évelyne DHÉLIAT qui a eu un cancer du sein. Elle a continué à travailler et a trouvé des aménagements de son temps. Même si elle n’a communiqué à ce sujet que tardivement, elle est maintenant très engagée !

 

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Quels sont les principaux préjugés que vous avez eu à déconstruire ?

Les clichés et préjugés en matière de cancer sont nombreux. Le plus marquant pour moi c’est qu’on ne peut soit disant pas continuer ses projets, comme si quelque chose s’arrêtait. Alors qu’on peut continuer à faire des choses mais en adaptant le rythme.

Il y a aussi l’idée tenace que quand on est en traitement, on ne fait rien. L’image de la personne malade inactive est complètement fausse, je vous assure qu’entre tous les RDV médicaux et occupations du quotidien : on a un planning de ministre ! Je n’aurais d’ailleurs pas pu publier 200 épisodes de podcasts si je n’avais rien à raconter !

On visualise aussi le malade comme affaiblit. Alors, oui, physiquement il y a plus de fatigue, d’inquiétude, il nous arrive quelque chose de sérieux donc il y a de quoi être déstabilisé et les traitements mettent notre corps à rude épreuve mais ce n’est pas pour autant qu’on change du tout au tout. On a des moments de faiblesse mais aussi des moments où on est en forme.

On peut donc avoir des projets et faire des choses en adaptant à ses capacités et ses envies. Ça peut être bien d’avoir de l’aide aussi. Pour les amis, les personnes de la famille, on peut garder ponctuellement les enfants d’une personne en traitement, faire des plats, des lessives, du repassage, tout ce qui peut alléger la logistique à la maison est précieux.

Des aménagements sont-ils nécessaires ? Quels aménagements sont-ils possible d’envisager au travail pour accompagner une collègue atteinte du cancer du sein ?

La personne malade peut continuer à travailler ou s’arrêter. Personnellement je me suis arrêtée un an et j’ai repris l’année suivante en mi-temps thérapeutique. Durant votre traitement, votre équipe médicale pourra vous orienter et ensuite votre médecin traitant pourra prescrire un temps partiel thérapeutique.

Il est aussi possible de faire plus de télétravail, là c’est avec les Ressources Humaines et la médecine du travail qu’il faut parler.

Vous êtes devenue une actrice de la sensibilisation, notamment avec votre podcast ! Quel conseil donneriez-vous pour parler de cette pathologie dans une équipe ?

Toute personne malade n’a aucune obligation de signaler la raison de son arrêt de travail. Mais ça peut parfois faire du bien d’en parler quand on est en confiance. Je rappelle qu’il n’y a rien de honteux ou gênant à être malade, et qu’un cancer n’est pas contagieux.

La maladie arrive brutalement, elle bouscule notre quotidien, nos habitudes et ce n’est pas facile à gérer. Pour moi, il est essentiel de maintenir le lien. Que l’entreprise soutienne la personne en arrêt. Je crois qu’il n’est jamais mal venu d’envoyer un message pour dire « Je pense à toi, je te soutiens » ou de continuer de raconter les anecdotes qui se passent au travail.

Après, des fleurs, du chocolat, une carte, c’est sympa aussi ! On n’a pas envie d’être mis à l’écart parce qu’on est malade mais l’éloignement peut amener à ça, même si ce n’est pas fait volontairement parce qu’il y a souvent cette idée de « ne pas oser déranger ». Dans ces cas-là, on demande directement à la personne : est-ce que je peux t’appeler une fois par mois ? Est-ce qu’on peut passer te voir ? Tu veux passer déjeuner de temps en temps ? Le dialogue c’est la clef ! Tout ce qui est fait avec bienveillance ne risque pas d’être mal pris !

Tous ces conseils sont-ils spécifiques au cancer du sein ?

On peut agir comme ça, selon moi, pour toutes les pathologies : une personne en arrêt pour dépression, burn-out ou tout type de désagrément physique ou psychologique, visible ou invisible, on peut montrer son soutien sans se forcer bien sûr.

Si vous aviez un message à faire passer à toutes les entreprises au sujet de l’emploi ou du maintien dans l’emploi des personnes concernées par cette pathologie, quel serait-il ?

C’est important de soutenir un salarié en traitement, ne pas le mettre de côté. Je pense que quand on traverse une épreuve telle qu’un cancer, on développe des compétences et qualités insoupçonnées jusqu’alors. Ça demande un dépassement de soi, une résistance au stress, jamais autant mis à l’épreuve ! Un employé qui a eu un cancer ou une affection de longue durée reste la même personne avec des blessures rudes mais de la résilience, de force et de la volonté.

J’aimerai que les employeurs valorisent quelqu’un qui revient d’une longue maladie. Je rêverai qu’il y ait une augmentation par exemple, par ce qu’on le mérite ! On a traversé une épreuve imprévue, pas évidente ! Le fait de s’en être relevé peut-être une source d’inspiration pour d’autres.

Vous êtes concerné par un cancer du sein et souhaitez faire un témoignage sur le sujet ? Une personne de votre entourage ou un proche souhaiterait le faire ? Venez partager votre expérience sur nos réseaux sociaux !

 

Crédit photo : William BEAUCARDET

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