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Innovation technologique et retour à l’emploi, alliance impossible ?

Pas pour AKKA Technologies ! Nous avons rencontré Antoine Pichon, Ingénieur Informatique devenu malvoyant depuis deux ans.

Focus sur l’intégration réussie d’une innovation technologique en faveur du handicap !

Quel métier exercez-vous au sein d’AKKA ?

J’ai débuté au sein d’AKKA en 2017. Je suis entré dans le service « Recherche et Développement » au sein de l’agence toulousaine, à l’occasion d’un stage de fin d’étude. Mon domaine d’expertise est le traitement d’images et la vision par ordinateur ou Image Procession/Computer Vision. Ce domaine d’expertise est, notamment, essentiel pour la réalité augmentée. L’exemple le plus populaire de son utilisation est… Snapchat ! Fin 2017, j’ai intégré l’entité AKKA Research sur des missions similaires.

Malheureusement, je suis devenu malvoyant peu de temps après, ce qui m’a imposé deux mois d’arrêt de travail et le lancement d’une procédure de demande de RQTH (ndlr : Reconnaissance de Qualité de Travailleur Handicapé). J’ai réintégré mon poste en février 2018. Cependant, mon expertise était liée à ma vision des détails, ma valeur ajoutée n’était donc plus la même qu’avant en raison de mon handicap. Ma mission arrivant à terme, je me suis réorienté vers un développement de logiciel plus classique et, un an plus tard, j’ai changé de service pour rejoindre une filiale du groupe nommée Aéroconseil. J’y suis actuellement ingénieur en informatique.

De quelle manière s’est déroulé votre retour à l’emploi à la suite de la déclaration de votre handicap ?

La médecine du travail a contacté la Mission Handicap d’AKKA qui est ensuite revenue vers moi pour m’informer et m’accompagner. Je me suis ensuite rapproché de la MDPH (ndlr : Maison Départementale des Personnes Handicapées) pour constituer mon dossier avec l’aide de la Mission Handicap d’AKKA ainsi que mes collègues de travail.

En parallèle, la Mission Handicap du groupe a contacté l’Institut des Jeunes Aveugles (IJA) et j’ai pu bénéficier de prestations complémentaires. Ils ont ainsi pu évaluer ma vue avec beaucoup plus de précision que l’hôpital. Grâce à cela, ils ont pu déterminer les outils et aménagements, les plus adaptés, à mettre en place sur mon poste de travail. Ainsi, l’IJA a recommandé l’utilisation d’un écran plus grand, d’un clavier avec des caractères plus grands, d’une lampe et d’un logiciel spécifique. La Mission Handicap a mis en place ces aménagements qui me facilitent le quotidien. J’ai simplement abandonné le clavier proposé car j’en ai découvert un plus adapté à mes besoins. Je lui ai ainsi préféré un modèle gamer sur lequel j’ai configuré des touches lumineuses et ajouté des gommettes en relief.

Vous avez récemment pu bénéficier d’un aménagement innovant : eSight. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Il s’agit d’un casque de réalité augmentée, comme on en voit beaucoup dans le milieu du jeu vidéo. La différence avec ses homologues vidéo-ludiques, c’est que l’interface d’eSight est entièrement pensée pour améliorer le quotidien des personnes malvoyantes.

Le casque eSight

Le casque eSight

 

Comment cela fonctionne ?

Il fonctionne sur le même principe qu’un télé agrandisseur ou une vidéo loupe. Vous voyez en temps réel ce qui est devant vous avec la caméra, mais vous pouvez zoomer, augmenter ou diminuer les contrastes, etc. Lorsque vous tournez la tête, la caméra aussi. Ainsi, l’outil s’adapte à votre vision.

En parallèle, vous pouvez le connecter à votre smartphone pour montrer à vos collègues ce que vous voyez ou afficher l’écran de votre smartphone directement devant vos yeux. L’une des fonctionnalités les plus pratiques, est la possibilité de figer l’image. Grâce à cela, je peux lire plus facilement un document papier en évitant les tremblements de la caméra. D’ailleurs, en utilisant cette méthode la navigation dans le document se fait en bougeant la tête. On retrouve ainsi le mécanisme naturel de lecture.

Que vous apporte cet outil au quotidien ?

Je l’utilise principalement pour les réunions entre collègues dans lesquelles les supports de présentation ne sont pas forcément adaptés. Cela me permet de pouvoir suivre un éventuel PowerPoint et de mieux distinguer les expressions de mes collègues lorsqu’ils prennent la parole. Je peux d’ailleurs soit utiliser la caméra du casque, soit me brancher directement sur l’ordinateur pour naviguer dans la présentation en simultané avec mes collaborateurs.

Quelles ont été les étapes de mise en place ?

J’ai découvert cette innovation dans un groupe Facebook américain dédié à la malvoyance. J’en ai parlé à la Mission Handicap d’AKKA qui m’a accompagné dans les démarches. Nous avons d’abord déposé des dossiers de demandes de subventions notamment auprès de la MDPH, ou encore du conseil départemental de la Haute Garonne. Nous avons également fait appel à la mutuelle du groupe et la Mission Handicap a ensuite complété pour me permettre d’acquérir un eSight.

De quelle manière la Mission Handicap d’AKKA vous a-t-elle accompagné ?

La Mission Handicap d’AKKA m’a accompagné pour l’ensemble des démarches administratives et dans l’adaptation de mon poste. Ces aménagements me permettent aujourd’hui de continuer ma carrière professionnelle et, je travaille comme tout collaborateur de l’entreprise.

Avez-vous constaté un changement de regard de la part de votre entourage professionnel ?

Absolument pas ! Globalement, mon handicap n’est pas forcément visible. Je me déplace sans canne, je prends les transports en commun, je fais mes courses… Parfois, je sens même que mes collègues oublient, notamment lorsqu’ils pointent quelque chose situé à 5 mètres ou qu’ils veulent me montrer un élément sur leur écran. En bref, je peux vous dire que seules mes compétences comptent dans mon métier !

Quel message souhaitez-vous passer à nos lecteurs en situation de handicap hésitant à postuler pour rejoindre AKKA ?

Qu’il ne faut pas hésiter ! Je suis entré dans l’entreprise en tant que valide, mais lorsque ma pathologie s’est déclarée je n’ai pas été mis de côté. J’ai eu d’ailleurs l’occasion de discuter avec d’autres collaborateurs en situation de handicap qui m’ont fait part de la qualité de vie qu’ils rencontrent dans leur travail. En bref, foncez !

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