Vous l’avez découverte lors du Live Accessible, Anne-Alexandrine Briand alias Double A est de retour sur Talentéo. De la plaidoirie d’avocate aux punchlines du one woman show il n’y a qu’un pas et Anne-Alexandrine l’a franchi avec brio ! Atteinte de Sclérose En Plaques depuis l’âge de 20 ans, Anne-Alexandrine parle de sa maladie et de son handicap avec humour dans son « Spectacle de MalAAde ». Rencontre.

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours ?

Je m’appelle Anne-Alexandrine, j’ai 34 ans. Je suis une femme au parcours scolaire et universitaire sans vague contrastée par un parcours médical chaotique. En effet, depuis l’enfance je vis avec une maladie orpheline classée dans la catégorie « dystonie myoclonique ». Depuis l’âge de 20 ans, la Sclérose En Plaques (SEP) a fait son entrée dans ma vie. J’ai donc deux maladies incurables. N’est pas exceptionnelle qui veut ! (Rires)

J’ai été avocate pendant quatre ans, et aujourd’hui, je suis humoriste et comédienne professionnelle.

Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots ces maladies et leurs impacts au quotidien ?

La dystonie myoclonique est une maladie héréditaire neurologique qui se traduit par des mouvements involontaires en éclair et une posture crispée par moment pour contrôler ces mouvements. J’ai été diagnostiquée à 9 ans quand mes profs ont commencé à en avoir marre de me voir tenir mon crayon à ma manière. Je ne pouvais que le faire exprès évidemment ! (Rires).

Tout comme mes douleurs à la marche, cette maladie touche mes pieds et mes chevilles. Elle a ensuite évolué à l’adolescence, et de nouveau vers 24 ans, avec l’apparition d’une élocution originale. Au quotidien, j’ai beaucoup de mal à écrire à la main, à courir, à marcher sans douleur ou à cuisiner sans me blesser.

En ce qui concerne ma Sclérose En Plaques, c’est une forme par poussées. Une poussée, se traduit par une attaque du système immunitaire à la gaine de myéline autour des axones. Selon la zone touchée, cela provoque des symptômes oculaires (vue double), sensitifs (fourmillements) et moteurs (paralysie d’un membre par exemple).

Comme il s’agit d’une forme par poussée, la gaine de myéline se réforme et créée comme des cicatrices dans le cerveau ou la moelle épinière, qu’on appelle « plaques » d’où le nom de « sclérose en plaques ». J’ai fait plus de vingt poussées en 14 ans et j’ai testé multiples traitements. Il s’agit de mon cas personnel. En effet, certaines personnes peuvent faire une poussée et en refaire une 50 ans après. On dit qu’il y a autant de Sclérose en Plaques que de patients.

Cela va peut-être choquer les lecteurs, mais ma Sclérose En Plaque m’handicape mille fois plus que ma dystonie myoclonique. La fatigue neurologique de la SEP est si imprévisible et si forte que le repos ne suffit pas.

Comment s’est passée votre évolution dans le monde professionnel ?

La première partie de ma vie professionnelle s’est bien passée. Ne réussissant pas à trouver de boulots d’été, à cause du handicap sûrement, j’ai fait des stages. D’ailleurs le déclenchement de ma SEP a eu lieu en fin de deuxième année de droit pendant un stage chez une avocate. J’ai tout fait pour que mes maladies ne m’empêchent pas de faire ce que je voulais intellectuellement parlant. J’ai donc réussi à entrer à l’école des avocats du Barreau de Paris. A la suite de mon stage de fin d’études en cabinet d’avocats, ce dernier m’a recrutée.

Les deux premières années, j’étais plutôt en forme grâce à un super traitement. Je travaillais 10h par jour, je sortais le soir, je faisais du sport deux fois par semaine et voyais mes amis le week-end. Je faisais une poussée par an donc ça allait. Et puis, j’ai dû changer de traitement pour éviter un effet secondaire grave, et c’est là que ça a commencé à se compliquer : plus de fatigue, deux poussées de plus en 1 an. Nous sommes donc repassés sur le traitement avec l’effet secondaire dangereux, mais efficace. Malheureusement c’était comme trop tard. Je n’ai jamais retrouvé cette vie sans fatigue et une septicémie en juin 2014 ne m’a pas aidée.

Mes associés m’ont accompagnée en acceptant de me passer à 80 % puis, après une deuxième septicémie, à 50 % avec du télétravail. J’étais avocate libérale, j’entendais des bruits de couloirs comme quoi j’avais de la chance qu’on me garde. Avec le recul je trouve que c’était faire insulte à mon intelligence et à l’intelligence de mes associés. D’ailleurs, nous étions dans une relation de confiance. C’est d’un commun accord que j’ai quitté le cabinet et me suis mise en arrêt maladie longue durée. Ce qui a été bénéfique au final.

Du métier d’avocate, nous vous retrouvons aujourd’hui humouriste. Pouvez-vous nous raconter cette transition et la naissance de ce projet ?

La transition est assez simple. Quand j’ai fait ma septicémie en 2014, j’ai failli mourir. Je me suis donc dit que nous n’avons qu’une vie. J’aime mon job d’avocate, mais j’aimais aussi être sur scène (je prenais des cours de théâtre depuis un an). Cela m’a pris un an et demi pour lâcher mon premier rêve d’avocat.

Comme la vie est bien faite, mon mari, que j’ai rencontré fin 2013, est producteur et metteur en scène dans l’humour. En 2015 je lui ai parlé de mon envie de faire un spectacle. En effet, plusieurs proches me disaient que je les faisais rire avec mes blagues sur le handicap, la maladie et l’hôpital. Au départ dubitatif, il m’a dit : « ok, mais tu fais mon concours d’humoristes et on verra ». J’ai fait le concours en 2016 et j’ai fini troisième lors de la phase finale. Nous étions 72 à la phase de sélection.

J’ai écrit mon spectacle au fur et à mesure de ce concours. J’ai joué ma première représentation en octobre 2016. J’étais encore avocate et donc encore sous un angle amateur. C’est pendant mon arrêt maladie, débuté en janvier 2017, que j’ai pris conscience que c’était une chance à saisir. Cela me faisait du bien d’écrire, de jouer sur des petites scènes. Cela me permettrait d’avoir un équilibre de vie avec mes maladies et mon handicap.

Est-ce difficile de se lancer dans le stand-up quand on est en situation de handicap ?

Je ne fais pas du stand up à proprement parler dans le sens où j’ai un personnage, Double A, très cynique et avec des inspirations personnelles, mais aussi une observation du regard de la société sur le handicap. Je fais du stand up quand je suis sur une scène ouverte où il faut faire rire pendant 10 minutes.

Le monde de l’humour, comme beaucoup d’autres mondes professionnels, a du mal avec la différence. Je dois encore plus faire mes preuves. Par ailleurs, j’aborde des sujets si légers avec une élocution qui interpelle, des mouvements involontaires des mains qui s’apparentent à une droguée en manque alors ça passe ou ça casse !

Quels sont vos prochains projets ?

J’ai eu beaucoup d’annulation sans visibilité sur des dates de reports compte tenu de la crise sanitaire. Si tout se passe au mieux, je jouerai mon «  Spectacle de MalAAde » le 29 janvier 2021 à Touques.

J’ai tourné un sketch pour le Tarmac Comedy à Bruxelles le 24 octobre dernier. La vocation de Tarmac Comedy est de mettre en avant des artistes issus du stand up et de la comédie provenant de toute la francophonie pour promouvoir leur talent et/ou spectacles-promo en Belgique. C’est un show de 3 à 5 minutes diffusé chaque lundi sur la page Instagram, Youtube, Facebook du Tarmac.

Depuis janvier dernier, j’écris un nouveau spectacle. Enfin je tente…parce qu’avec ce contexte anxiogène j’avoue que mon inspiration est bridée.

Quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs ?

Je n’aime pas donner des conseils car j’en ai trop donné quand j’étais avocate ! J’ai mis sept ans à vivre en bonne intelligence avec la Sclérose En Plaques et ma dystonie myoclonique. Ce qui m’a aidé c’est de m’y intéresser, d’objectiver tout ça. Quand ça ne va pas, j’apprends à laisser passer pour repartir grâce à des ressources comme les livres d’Alexandre Jollien, philosophe qu’on ne présente plus et qui m’accompagnaient sur ce chemin du vivre avec.

Si j’ai un message : la vie est pleine de surprises et jamais je n’aurais pensé être comédienne et humoriste. C’est ça la vie, un éternel recommencement alors laissez vous surprendre et ne laissez personne vous dire « tu ne peux pas ». Vous seul savez.

 

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