Il y a quelques temps, Talentéo vous présentait le Concours Handi-Entrepreneurs organisé par Atos. Celui-ci a pour vocation d’encourager l’esprit d’entreprise et l’innovation des personnes en situation de handicap. Nous avons pu rencontrer les 3 Lauréats de l’édition 2015 afin qu’ils nous parlent de leurs projets.

Palmarès 2015

Pour cette édition 2015, les projets lauréats ont principalement pour utilisateurs les personnes en situation de handicap. Néanmoins, le Concours Handi-Entrepreneurs d’Atos a pour vocation de valoriser avant tout l’innovation et l’entrepreneuriat quels que soit le public et les utilisateurs finaux. Les prix, dotés respectivement de 10.000 €, 6.000 € et 4.000 €, ont été décernés à :

 

  • 1er prix : Augustin BOUSBAIN. Augustin a créé Handy Access : le premier guichet unique qui accompagne les personnes en situation de handicap dans l’aménagement de leur domicile. Il s’agit d’une prestation clé en mains et personnalisée permettant à ses clients un gain de temps, d’autonomie et de confort.
  • 2ème prix : Yohan BLANCHE. Coup de cœur de l’édition 2014, Yohan a créé Un toit partagé, innovation de la silver économie. Cette solution de colocation entre seniors offre de nombreux avantages :

– Economique : partager les coûts et les frais,

– Social et culturel : rompre la solitude, créer du lien et encourager les activités en commun,

– Sociétal : favoriser l’autonomie et le maintien à domicile.

 

  • 3èmes prix : Lucas SOVIGNET. Lucas a créé l’application mobile dynamique I Wheel Share. Cette application géolocalisée donne une voix(e) à tous, notamment aux personnes en situation de handicap. Via une carte interactive, les utilisateurs d’I Wheel Share partagent leurs expériences du quotidien et cartographient les lieux et évènements adaptés ou pas. I Wheel Share c’est l’outil indispensable de vos sorties, vos weekends, vos restos… !

Handi entrepreneurs
Le Jury a également décerné un « coup de cœur » à Célia THIBERT qui a lancé en janvier 2015 Psych’à Pattes, entreprise de médiation animale pour apporter un soutien psychologique aux personnes en difficulté.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots votre parcours professionnel ?

Augustin Bousbain : Augustin Bousbain, 44 ans. Je suis psychothérapeute de formation, profession que j’ai exercée pendant plusieurs années en libéral. A la suite d’un accident de voiture, je me suis trouvé en situation de handicap. Cela m’a forcé à mettre un terme à mon activité. J’ai cherché un moyen de rebondir et j’ai eu l’idée de créer Handy Access un peu par hasard.

En effet, à la suite de mon accident, j’ai été longtemps hospitalisé et quand je suis revenu à mon domicile, rien n’était adapté. Il était, alors, difficile de trouver des aides et des informations pour aménager mon logement.
C’est alors que j’ai eu l’idée de créer un Guichet Unique proposant des conseils et des aides aux personnes handicapées pour la mise en accessibilité de leur domicile.

Handy Access met en relation les personnes handicapées avec un ergothérapeute qui effectue un audit du domicile et leur propose des préconisations d’aménagements. Ce sont ensuite les entreprises du bâtiment agréées « handibat » qui prennent le relais. Au-delà d’être informées sur les aides existantes, elles bénéficient aussi d’un accompagnement dans la formalisation de leurs dossiers administratifs.

Il m’est arrivé aussi de “démêler” des situations administratives complexes qui “parasitaient” le projet d’aménagement. Avec la création de ce Guichet Unique, j’espère faciliter les démarches des personnes handicapées afin qu’elles puissent avancer l’esprit un peu plus libre.
Avant de me lancer dans cette aventure j’ai effectué une formation à l’entrepreneuriat à la Yump Académie qui m’a beaucoup apporté et permis de structurer mon projet.

Yohan Blanche : Yohan Blanche, 27 ans. Je suis ce qu’on appelle un autodidacte, j’ai arrêté mes études avant l’obtention du Baccalauréat. En 2008, j’ai créé une première entreprise, il s’agissait d’un projet de micro-crèche qui n’a malheureusement pas abouti. Malgré tout l’idée de mon projet actuel était né.

C’est lorsque ma grand-mère m’a dit : « pourquoi tu ne ferais pas une micro-crèche pour les personnes âgées » que l’idée a émergé. L’objectif : rompre l’isolement auquel cette tranche d’âge est trop souvent sujette. Je me suis inspiré des modèles allemand et hollandais pour promouvoir la collocation entre personnes âgées.

J’ai tout d’abord réalisé une étude de marché pour valider la faisabilité de mon projet. J’ai, par exemple, adressé 4000 questionnaires dans la région de Nancy dont je suis originaire. Les réponses m’ont permis de peaufiner mon offre mais aussi de proposer des services plus adaptés à mes futurs bénéficiaires.

Par la suite, j’ai eu l’opportunité d’intégrer la pépinière de projets du Conseil Général de Meurthe-et-Moselle, où le projet a pu mûrir. J’ai finalement opté pour un modèle associatif car je souhaite impliquer au maximum les acteurs engagés.

Aujourd’hui nous pouvons proposer une offre plus étendue qui va de la mise en relation entre personnes seniors jusqu’à la colocation.

Lucas Sovignet : Lucas Sovignet, 20 ans. Je suis devenu paraplégique suite à un accident de moto. Malgré tout, je me considère comme une personne capable de beaucoup de choses. Lorsqu’on est en situation de handicap, on nous met de nombreuses barrières. C’est pour cela que de mon côté je ne m’en impose aucune. Actuellement je prépare une licence L1 de sciences de l’éducation afin de devenir instituteur.

Ma sœur Audrey suivait une formation en conception et développement web (application mobile et site web) lorsqu’elle m’a suggéré l’idée de créer I Wheel Share. Cette application mobile est en quelques sortes le « Yelp de l’accessibilité ». Elle permet de cartographier les lieux qui sont accessibles mais aussi ceux qui ne le sont pas. L’objectif est que les acteurs/décideurs prennent conscience des problèmes liés à l’accessibilité.

Vous êtes l’un des lauréats du Concours Handi-Entrepreneurs organisé par Atos, comment avez-vous accueilli la nouvelle ?

A.B. : J’étais très honoré d’avoir obtenu ce 1er prix. Il s’agit de la concrétisation d’une aventure qui dure depuis plus d’un an… Que de chemin parcouru ! Ce concours m’a permis d’avoir un regard extérieur sur mon projet. Cela m’a aussi conforté dans mon idée que mon projet avait du sens car d’autres professionnels y croient également. En parallèle, j’ai pu bénéficier d’une couverture dans un journal local. En bref, que du positif !

Y.B. : J’étais très heureux de recevoir ce prix. Cela vient couronner un engagement de longue haleine et apporte une crédibilité supplémentaire à mon projet. C’est autant une satisfaction personnelle que professionnelle. Grâce à ce concours, j’ai pu obtenir des avis extérieurs sur mon projet. Un vrai plus pour son développement !

L.S. : Cela a été très gratifiant de recevoir un tel prix. C’est la preuve, s’il en fallait une, que notre investissement et notre travail commencent à porter leurs fruits ! L’apport financier du concours nous permet de rémunérer les développeurs pour continuer à faire évoluer l’application.

Ce concours est très bien organisé et nous y avons rencontré d’autres entrepreneurs qui vont dans le même sens que nous. Nous avons gardé contact avec eux et avons hâte de construire des passerelles entre nos différents projets.

Lors de la cérémonie de remise des prix, j’ai beaucoup apprécié l’intervention de Guillaume Nery, Champion du Monde d’apnée qui nous a délivré un très beau message. En bref, un très bel événement !

Quels ont été les temps forts de votre parcours entrepreneurial ?

A.B. : Ce sont tout d’abord de très belles rencontres que ce soit auprès de la Yump Académie ou du Concours Handi-Entrepreneurs. Celles-ci m’ont apporté des outils supplémentaires et une certaine reconnaissance. Cela dit, faire connaître son projet reste une tâche difficile. Le challenge actuel est de mieux faire comprendre ce concept auprès du public concerné, et ce n’est pas parce que j’ai remporté un prix que la partie est gagnée !

Y.B. : Les temps forts ont été la création de l’association et le développement de celle-ci grâce aux financements. Je garde également un très bon souvenir du Concours Handi-Entrepreneurs. Malgré tout, ces beaux succès ont été émaillés par quelques difficultés comme celle de co-construire une démarche.

L.S. : En plus du Concours Handi-Entrepreneurs, ma sœur Audrey a aussi remporté en 2013, le prix Biilink de l’entrepreneuriat féminin, autre rampe de lancement de notre projet. Une belle récompense remise par la Ministre de l’économie numérique de l’époque, Fleur Pellerin !

Plus globalement, constater le degré d’aboutissement d’un projet qui a un peu plus de 2 ans est en soi une très belle victoire !

Quelles sont les prochaines étapes ?

A.B. : La prochaine étape est l’enregistrement de ma société qui est en couveuse jusqu’à la fin du mois de février. 2016 sera un tournant important qui verra enfin la concrétisation de cette entreprise !

Y.B. : L’association va prochainement débuter une série de conférences sur la thématique « et si je ne vivais plus seul(e) ? ». 2016 sera une année consacrée à  la sensibilisation à la colocation entre seniors. Nous allons d’ailleurs présenter un logement témoin pour illustrer ce sujet. Je vais certainement recruter une personne spécialisée en service civique ainsi que deux stagiaires : l’un(e) en droit de l’immobilier et l’autre en développement de projet web.

L.S. : Nous avons beaucoup d’idées, avec tout d’abord la sortie de l’application sur Android qui viendra étoffer l’offre déjà présente sur iOs. Nous avons également mis sur les rails le projet « I Wheel Think ». Il s’agit d’un jeu de rôle qui a pour vocation de sensibiliser les entreprises et les collectivités locales au handicap de manière originale. Et ce n’est qu’un début !

Quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs ?

A.B. : Je les encourage vivement à candidater au Concours Handi-Entrepreneurs proposé par Atos. Cela leur permettra de formaliser leur projet. Lorsqu’on est seul face à son projet, il est parfois difficile de formaliser les choses et de prendre du recul. Le dossier de candidature d’Atos est bien conçu et permet vraiment de poser les choses.

C’est aussi l’occasion d’étendre son réseau que ce soit en rencontrant les autres lauréats ou encore les collaborateurs d’Atos très mobilisés autour de ce Concours. Nous avons pu échanger entre personnes d’expériences différentes et cela était enrichissant. En résumé, cela restera un événement marquant dans mon parcours entrepreneurial.

Y.B. : L’entrepreneuriat est une véritable passion, je ne m’imagine pas avoir une vie professionnelle répétitive. Si vous en avez l’envie, n’hésitez-pas ! L’échec n’est pas une fatalité en soi, on en retire toujours quelque chose de formateur. Pour moi, la création de mon association a été un véritable déclencheur.

L.S. : En une citation : « tout ce qui ne tue pas rend plus fort ». Notre projet est là pour concrétiser cette phrase. L’accessibilité est utile à tous, qu’on soit en situation de handicap ou pas !
Concernant le Concours Handi-Entrepreneurs, c’est une chance d’avoir des entreprises engagées aux côtés des personnes en situation de handicap. Nous nous retrouvons face à un jury d’experts comprenant nos problématiques entrepreneuriales. A ceux qui hésitent encore, je ne leur dirai qu’un mot : foncez !

Que pensez-vous de ces projets ? Vous comptez participer à la prochaine édition du Concours Handi-Entrepreneurs ? Avis à tous les porteurs de projets innovants, le Concours Handi-Entrepreneurs revient en avril 2016, pour plus d’informations contactez : handi-entrepreneurs.ext@atos.net

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